Photo courtoisie - Christian Overbeek quitte la présidence des PGQ après 19 ans avec le sentiment de laisser une maison en ordre.

Changement de garde à la présidence des producteurs de grains du Québec

Après presque deux décennies à la tête des Producteurs de grains du Québec, Christian Overbeek a décidé de tirer sa révérence.

Dans une entrevue accordée à L’Éveil agricole, il revient sur les réalisations marquantes de son mandat et évoque les défis qui attendent le secteur des grains dans les prochaines années.

Durant ses 19 années à la présidence, M. Overbeek souligne notamment la mise en place du groupe de concertation Grains Québec. Ce groupe, créé en collaboration avec le ministère de l’Agriculture, visait à améliorer la coordination entre producteurs et à mieux répondre aux demandes du marché québécois et international. « Nous avons réussi ce défi dans un contexte où la production devait constamment augmenter pour répondre à des besoins croissants, tout en évitant le gaspillage et la surproduction », explique-t-il.

Christian Overbeek affirme avec fierté que les producteurs québécois ont su anticiper et comprendre les signaux du marché, permettant ainsi à la production locale de s’adapter aux variations de la demande sans tomber dans les excès de production qui nécessiteraient de coûteuses exportations inutiles.

Interrogé sur les raisons de son départ, M. Overbeek évoque une décision mûrement réfléchie et des raisons personnelles, tout en soulignant l’importance d’une relève dynamique au sein de l’organisation. « J’avais annoncé ma décision à l’avance afin que ceux qui étaient intéressés puissent se préparer adéquatement. Au cours des dernières années, j’ai progressivement délégué plus de responsabilités aux membres du conseil exécutif pour assurer une transition en douceur », précise-t-il.

Concernant les préoccupations actuelles dans le secteur agricole, Overbeek partage l’inquiétude exprimée récemment par Stéphane Alary, président régional de l’UPA Outaouais-Laurentides, au sujet des tensions commerciales avec les États-Unis. « Cette situation amène beaucoup d’incertitudes et d’inconfort chez nos producteurs », explique-t-il. La crainte majeure est que les barrières commerciales américaines pourraient forcer les producteurs de l’Ouest canadien à rediriger leur production vers l’Est ou l’Asie, perturbant ainsi l’équilibre des marchés québécois. « Nos marchés ouverts sont particulièrement sensibles à ce type d’incertitude », ajoute-t-il.

En dépit de ce contexte difficile, Christian Overbeek estime que la Fédération des producteurs de grains demeure solide, portée par un conseil exécutif expérimenté et un esprit de solidarité entre ses 9500 membres. « Notre grande réussite aura été de préserver cette cohésion et ce respect mutuel entre producteurs, qu’ils soient engagés dans les marchés conventionnels ou de niche, comme les grains biologiques », précise-t-il.

M. Overbeek exprime également sa pleine confiance envers le nouveau président, M. Pion. « Ils ont beaucoup d’expérience au sein du groupe. Je suis convaincu que la nouvelle équipe est très bien outillée pour défendre les intérêts des producteurs et continuer le travail amorcé », souligne-t-il.

Fraîchement élu à la présidence, Francis Pion mesure toute l’ampleur de la tâche qui l’attend. Dans une entrevue accordée à L’Éveil agricole, il a reconnu que la transition, amorcée depuis plusieurs mois, lui permet d’aborder son nouveau rôle avec confiance, même si les défis demeurent immenses. « C’est une grande période d’apprentissage. Il faut renforcer notre réseautage et solidifier nos relations avec les partenaires de la filière », souligne-t-il.

M. Pion se montre lucide face à l’incertitude qui plane sur les marchés, en raison notamment de la situation économique mondiale, de l’inflation et des tensions commerciales avec les États-Unis. « Les producteurs continuent de s’accrocher avec optimisme, mais le coût des équipements, l’accès au financement et les taux d’intérêt élevés génèrent un stress supplémentaire », explique-t-il.

Pour le nouveau président, il sera essentiel que les belles promesses électorales se traduisent rapidement en mesures concrètes, notamment dans le soutien à la recherche et à la stabilité des marchés. « Il faut que nos réalités de terrain soient mieux comprises et considérées dans les décisions politiques », conclut-il.

Pour l’avenir, Overbeek identifie clairement les défis à relever. Selon lui, il sera essentiel que les producteurs s’ajustent aux nouvelles attentes sociétales, tant locales qu’internationales. « Il faudra adopter des pratiques agricoles qui répondent aux exigences précises des différents marchés. Cela signifie ajuster continuellement nos méthodes pour demeurer compétitifs et respectueux des cahiers des charges », indique-t-il.

Quant à son propre avenir, Christian Overbeek ne quitte pas complètement le monde agricole. Il se concentrera désormais sur la transmission de son entreprise familiale située à Saint-Hyacinthe à ses enfants. « C’est une période importante de transition. Je vais accompagner mes enfants dans les décisions stratégiques et les orientations à prendre pour le futur de l’entreprise », conclut-il avec optimisme.

Cette transition marque la fin d’une ère pour les Producteurs de grains du Québec, mais Christian Overbeek laisse derrière lui un héritage solide et une organisation prête à affronter les défis futurs.

Dany Baribeau
dbaribeau@groupejcl.ca

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