Tout est affaire de valeur, indique Marie-Josée Ferron, qui est coordonnatrice du programme Gestion et technologies d’entreprise agricole au collège Lionel-Groulx. Bien implantée dans le milieu agricole, en contact régulièrement avec des étudiants qui vivront éventuellement ce passage générationnel agricole, elle connaît bien les enjeux.
L’ampleur des fermes, qu’on désigne désormais d’entreprises, a changé la donne au cours des 40 dernières années. «Les entreprises ont pris de la valeur, car leur taille est importante. Donc, il y a beaucoup d’argent sur la table. Or, la relève doit payer ce dont elle est capable», explique Mme Ferron, dans une entrevue à ce sujet.
Depuis le début des années 1970, les fermes ne cessent de s’agrandir. Dans Un portrait des exploitations agricoles du XXI siècle, paru en 2017, Statistiques Canada rapporte qu’à peine 2,2 % des fermes étaient constituées en société en 1971, alors qu’elles l’étaient à 75 % en 2016.
Il n’est donc plus rare de voir des exploitations agricoles dont la valeur dépasse le million de dollars, selon l’enseignante Marie-Josée Ferron. Et c’est souvent ce qui entraine tout un casse-tête pour le parent souhaitant se défaire de son entreprise en la léguant à sa descendance. «On voit ainsi le parent ayant payé toute sa vie pour monter une entreprise qui vaut au bout du compte 5 M$ et le fils qui ne peut pas emprunter une telle somme», explique-t-elle.
Et c’est sans parler des éventuels frais comme la construction de nouveaux bâtiments, la machinerie, les parcelles de terre. Des actifs coûteux.
Évidemment, si l’entreprise est assurée de générer beaucoup de profits, c’est autre chose. La relève potentielle peut alors espérer obtenir le prêt nécessaire, ajoute-t-elle.
Solutions et ressources
Toutefois, il y a toute sorte de scénarios possibles, selon Mme Ferron. «Souvent les parents vont demeurer propriétaires de leur fond de terre et former une compagnie qui va posséder le quota et la machinerie. Donc la relève peut y être actionnaire, ou encore, louer la terre», souligne l’enseignante.
L’appel à un fiscaliste peut aussi se révéler utile et d’un grand secours pour planifier l’organisation fiscale. L’Union des Producteurs agricoles offre à ses membres agriculteurs les services d’un fiscaliste, au besoin.
Il y a aussi d’autres ressources existantes disponibles aux producteurs agricoles ou à ceux envisageant leur avenir dans ce milieu. Les Groupes conseils agricoles qui sont dotés d’un réseau d’experts qualifiés pouvant offrir des services-conseils en gestion technico-économique et financière, Agri-Réseau, un service d’information sur tout ce qui touche l’agriculture et la recherche dans ce domaine.
Consulter les ressources d’aide ou de conseils est important, souligne Mme Ferron. «Car une ferme, c’est l’œuvre d’une vie. Donc, ça se planifie sur plusieurs années et il faut commencer à en discuter tôt. Une passation, ça se fait souvent sur une période de 10 ans».
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