L’accès par le mariage
Historiquement, l’agriculture au Québec était un milieu dominé par les hommes, comme plusieurs domaines, où la femme occupait une position subordonnée.
Les femmes entraient généralement dans le monde agricole en se mariant, devenant ainsi « femmes d’agriculteur », sans rémunération ni statut de propriétaire. Leur travail, bien qu’essentiel au bon fonctionnement de l’exploitation, n’était pas reconnu comme un métier et qui plus est, la femme était d’abord une épouse, avant d’être considérée comme une partenaire sur la ferme.
Les premières avancées
Le début du XXe siècle a été marqué par des avancées importantes pour les fermières du Québec, et les femmes en général, même si leur participation à la vie agricole demeurait en grande partie non reconnue.
Les premières associations fermières, les Cercles de fermière, créés en 1915 par les agronomes Georges Bouchard et Alphonse Désilets, ont ouvert la voie à une reconnaissance timide des femmes dans le secteur.
Longtemps sans droits civils et politiques, plusieurs législations, qui de prime abord, ne semblent pas reliées à l’agriculture, ont sans contredis aider la cause des fermières, leur permettant d’acquérir leur autonomie face aux hommes.
Parmi celles-ci : ; la loi 52 de 1931 leur permettant de disposer de leur salaire ; la possibilité d’ouvrir un compte bancaire dès 1934 ; le droit de vote en 1940 ; l’accès aux pilules contraceptives en 1960 ; la loi 16 de 1964 modifiant le statut juridique des femmes mariées leur permettant de devenir l’égale de leur mari sur le plan juridique ; la loi sur le divorce de 1968 ; l’ouverture des premières cliniques d’avortement en 1972 ; le retrait préventif des travailleuses enceintes de 1981 et plus encore.
Femmes en tête, femmes de tête
Au fil des décennies, la présence des femmes dans les instances agricoles s’est progressivement affirmée.
À la fin des années 1970, un premier pas significatif a été franchi avec l’entrée de Jeannine Bourque au conseil général de l’Union des producteurs agricoles (UPA). En 1978, elle devint ainsi la première à occuper ce poste.
Dans les années 1980, les femmes ont commencé à structurer davantage leur présence. En 1986, les comités régionaux de femmes en agriculture se sont regroupés pour fonder la Fédération des agricultrices du Québec, reconnue par l’UPA en 1987.
Les années 1990 ont vu d’autres avancées notables. En 1993, Desneiges Pépin est devenue la première femme à siéger au conseil exécutif de la Fédération des producteurs d’agneaux et de moutons. En 2001, Martine Mercier fut élue vice-présidente de l’UPA, un poste qu’elle occupa jusqu’en 2005. Pour sa part, Guylaine Gosselin est devenue la première directrice générale de l’UPA (2008-2016).
Une représentation certaine, mais encore inégale
Bien qu’en mars 2023, les Québécoises représentaient 27 % des propriétaires des entreprises agricoles du Québec, les postes de présidents et de membres de conseil d’administration des fédérations spécialisés n’étaient occupés que par 11 % de femmes et 13 % dans les syndicats régionaux. Notons toutefois une nette amélioration depuis plusieurs décennies. Cependant, une question persiste, à quand une femme à la tête de l’UPA ?
Par Simon Martel
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