En 1969, Clément Couvrette devait impérativement quitter sa ferme, sa maison, la terre qui l’avait vu naître pour laisser toute la place à la future construction de l’Aéroport de Mirabel. Exproprié comme plusieurs autres agriculteurs de la région.
Lui qui avait fini par prendre racine sur une autre ferme rachetée à Saint-Benoit, n’avait jamais oublié sa première ferme. Son fils Éric non plus.
En 1990, lors des premières offres de rétrocession des terres, Clément Couvrette a racheté sa terre de Saint-Scholastique pour la laisser par la suite à son fils Éric. Officiellement, il fallait que ce soit le propriétaire exproprié qui rachète, tel que le permettait l’arrangement gouvernemental.
Tout reconstruire
C’est ainsi qu’Éric Couvrette est revenu vivre sur la terre familiale. Avec son père, ils ont tout refait. «On a dû tout recommencer à zéro: construire une maison, une étable. Le terrain était dans un état de dépotoir. On a travaillé du matin au soir. Ç’a été dur pour tout le monde, surtout que mon père venait juste de bâtir la ferme lorsqu’il a été exproprié», se rappelle Éric Couvrette.
Ne parvenant pas à trouver le financement nécessaire pour acheter sa propre ferme laitière, le rachat de l’ancienne terre par son père restait la meilleure solution qui s’offrait à lui.
Avec le temps, Éric Couvrette est parvenu à construire une ferme de 130 têtes, dont 70 vaches en lactation. Il n’a jamais oublié la générosité de son père, sans qui rien n’aurait été possible.
C’est dans cet état d’esprit qu’il prévoit transmettre sa ferme laitière à Jacinthe, sa fille de 26 ans, qui ne demande pas mieux que de prendre racine pour de bon sur la terre familiale. Depuis 2016, Éric et Jacinthe sont coactionnaires et travaillent ensemble sur la Ferme Éric Couvrette et fille.
Une relève féminine
«Je ne vois aucune différence à ce qu’une fille s’occupe d’une ferme. Les femmes ont des forces que les hommes n’ont pas. Auparavant, il fallait de gros bras alors que maintenant, tout est mécanisé. Et ma fille aime ça travailler sur la terre», confie l’homme de 51 ans, qui se remet tranquillement d’une leucémie.
Dans ces circonstances, il cherchait la meilleure solution pour transmettre son exploitation à sa fille Jacinthe. Conseillé par un fiscaliste, il en a donc fait son associée et ensemble, ils remboursent les emprunts de la ferme.
Et ce n’est pas le travail qui fait peur à Jacinthe, qui est jeune maman d’une fillette de 21 mois et d’un nouveau-né. Elle fait la traite des vaches, emballe les balles de foin en saison, s’occupe aux champs et aussi des aspects plus formels tels que les enregistrements.
Le père et la fille sont également soutenus par le conjoint de cette dernière, Carl, qui prend soin de tout ce qui est machinerie. Bref, ils forment une équipe efficace où chacun parvient à trouver son bonheur quotidien sur la ferme.
En reprenant la ferme de son père à bas prix, Éric a retenu sa générosité en exemple et a décidé à son tour de faciliter l’accès à la propriété agricole à sa fille.
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