Chez Brindille et Compagnie: l’écurie des petits miracles

Reine Côté rcote@groupejcl.ca Amoureuse des chevaux depuis toute jeune, Anne-Marie Gauthier a décidé de mettre ses compétences d’orthopédagogue au service des jeunes en difficulté en leur ouvrant les portes de son écurie, Chez Brindille & Compagnie, tous les samedis,...

Reine Côté

rcote@groupejcl.ca

Amoureuse des chevaux depuis toute jeune, Anne-Marie Gauthier a décidé de mettre ses compétences d’orthopédagogue au service des jeunes en difficulté en leur ouvrant les portes de son écurie, Chez Brindille & Compagnie, tous les samedis, leur permettant ainsi d’apprivoiser le contact avec l’autre et de réduire l’anxiété et le stress qui les hantent.

Anne-Marie Gauthier, c’est une murmureuse. Depuis une dizaine d’années, elle recueille et prend soin avec amour de bêtes malades ou malmenées dans son écurie de Saint-André-d’Argenteuil, située sur le terrain de la ferme laitière de son conjoint, sur le chemin de la Rivière-Rouge.

Dr Dolittle

Il y a un peu de Dr Dolittle chez Anne-Marie Gauthier. Son écurie abrite huit chevaux, dont quelques-uns de race Appaloosa-Léopard, quatre gros chiens, treize chats en plus de deux lamas, deux guanacos-alpagas et de quelques ânes, qu’elle a tous réchappés d’un sombre destin, ces dernières années. «Les animaux ici ont vécu des choses difficiles. Mes chiens, mes chats, ils sont arrivés ici avec des problèmes. Ils étaient mal en point physiquement ou mentalement. J’avais envie de sauver des animaux. Mais j’ai dû me limiter, car, moi, quand je les prends, c’est pour la vie», raconte-t-elle.

Avec patience et douceur, elle les a rééduqués, de sorte que tous les habitants de l’écurie d’un abord sauvage se montrent désormais fort accueillants.

En y pénétrant, le visiteur est immédiatement accueilli par ses lamas et guanacos en liberté dans l’étable et qui offrent leurs câlins à quiconque leur démontre un peu d’intérêt. Le lama n’est pourtant pas spécialement réputé pour sa docilité, précise d’entrée de jeu l’orthopédagogue, qui se sert d’eux pour protéger son troupeau équin.

Un baume thérapeutique

Chaque matin, Mme Brindille se lève au chant du coq pour prendre soin de ses animaux avant de prendre la route pour rejoindre ses petits élèves à Montréal. Elle réserve ses soirées et le week-end aux jeunes désirant entrer en contact avec des chevaux, que le Centre de pédiatrie communautaire de Lachute lui aura référés. Un récent partenariat qu’elle espère compléter d’une collaboration prochaine avec les commissions scolaires de la grande région des Laurentides.

Mme Gauthier ne prétend pas offrir un service de thérapie équestre. «Je ne suis ni psychologue ni pédopsychiatre. J’ai une belle expertise, mais ici ce n’est pas un centre où je vais faire une thérapie profonde. C’est comme un baume, comme un tampon pour la personne qui vit quelque chose de difficile, ce qui va peut-être lui donner le courage d’aller vers un thérapeute», explique celle qui s’est pourvue de plusieurs formations spécifiques pour travailler efficacement avec les chevaux.

L’expertise dont elle parle, c’est le métier d’orthopédagogue qu’elle pratique depuis plus de vingt ans. Actuellement, elle enseigne auprès des jeunes d’âge préscolaire au Centre Ami des mots, relié à l’hôpital Sainte-Justine. L’unique classe spécialisée pour enfants éprouvant des troubles du langage au Québec.

«Le contact avec l’animal peut faire de la magie. C’est prouvé que ça réduit l’anxiété, le stress et développe la confiance en soi, dit-elle. Au cours des dernières années, j’en ai reçu des gens et ç’a toujours été un succès.»

Repartir avec le sourire

Parmi les enfants qui viennent à l’écurie, plusieurs souffrent d’un trouble de comportement, de langage ou encore du spectre de l’autisme, pour lequel Mme Gauthier s’est spécialisée. Dans tous les cas, ils ont du mal à communiquer ou avec l’attachement. Côtoyer un animal, qui est sans attentes et sans jugement, permet de diminuer les résistances.

«Ce sont des enfants qui ont des problèmes qui arrivent ici. Donc, on y va à leur rythme», spécifie-t-elle. La première étape sera donc de leur inculquer quelques notions de sécurité, de respect et des comportements acceptés ou pas par ses animaux.

«Dans un centre en pleine nature comme ici, on peut travailler plein de choses avec les enfants. On va travailler les objectifs, étape par étape. Ce que je veux, c’est qu’ils vivent quelque chose, qu’ils aient pu diminuer leur anxiété, leur stress et qu’ils repartent avec le sourire», assure l’enseignante, à l’âme missionnaire.

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