Urgent besoin de travailleurs de rang dans l’Outaouais

Reine Côté rcote@groupejcl.ca D’avril à août 2019, trois agriculteurs de l’Outaouais se sont enlevé la vie. «Faut-il attendre que ce type de tragédie se multiplie pour mettre en place des services d’aide psychologique à l’intention des producteurs agricoles?», se...

Reine Côté

rcote@groupejcl.ca

D’avril à août 2019, trois agriculteurs de l’Outaouais se sont enlevé la vie. «Faut-il attendre que ce type de tragédie se multiplie pour mettre en place des services d’aide psychologique à l’intention des producteurs agricoles?», se demande la directrice générale d’Écoute agricole des Laurentides (EAL), Magalie Noiseux-Laurin, qui réclame depuis un bon moment l’embauche d’un travailleur de rang, formé pour intervenir auprès de ce type de clientèle.

Pour Mme Noiseux-Laurin, il y a urgence d’agir. Parmi ces récents suicides se trouvait un jeune agriculteur de 26 ans. «La santé mentale, ça concerne donc tout le monde, y compris les agriculteurs», affirme Mme Noiseux-Laurin, qui assure que l’on commence à entendre ce type de sujet dans les conversations des Outaouais.

Jusqu’à présent, les sources de financement proviennent du secteur privé, soit en dons et par des fondations, signale la directrice générale d’EAL qui aimerait bien que les gouvernements fassent leur part.

La nécessité de travailleurs de rang ne fait plus de doute. Et pourtant, le financement ne suit pas. «Nous n’avons pas encore de sources récurrentes. Le gouvernement ne nous finance pas, mais il est en train d’y réfléchir. Le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, a laissé savoir publiquement qu’il cherchait la façon de mettre ça en place.»

En mai dernier, le Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire de la Chambre des communes du Canada publiait les résultats d’une étude pancanadienne sur la santé psychologique en milieu agricole, laquelle incluait les recommandations de l’Union des producteurs agricoles, notamment celle de financer les organismes concernés. «Une fois le nouveau gouvernement élu, nous allons nous assurer qu’il mettra en œuvre les recommandations», insiste la directrice générale d’EAL.

Détresse multifactorielle

C’est que la détresse des producteurs agricoles est d’origine multifactorielle. La gestion d’entreprises agricoles de plus en plus grosse, la lourdeur des démarches administratives et les salaires qui n’augmentent pas. «La charge de l’endettement et les inquiétudes économiques sont les premières causes de leur stress», précise Mme Noiseux-Laurin.

Entrent aussi en ligne de compte les écarts climatiques, les relations familiales et professionnelles qui cohabitent parfois difficilement, ou encore l’isolement dû au fait de vivre sans voisins.

Puis il y a de plus en plus d’activistes végétaliens qui exercent auprès des propriétaires de fermes animales de l’intimidation de plus en plus présente sur les réseaux sociaux pour dénoncer la production de viande, l’utilisation de pesticides. «Une problématique de plus en plus réelle», note Mme Noiseux-Laurin, en ajoutant que les fermiers souffrent cruellement d’un manque de reconnaissance face à leur travail.

«C’est certain qu’un travailleur de rang ne peut pas régler toutes les problématiques ou empêcher un suicide, mais il peut aider. Actuellement, il n’y a aucun travailleur de rang dans l’Outaouais et nous cherchons activement du financement pour embaucher un travailleur de rang sur place», conclut Mme Noiseux-Laurin.

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