Fille et conjointe d’un agriculteur, Pierrette Desrosiers connait bien la réalité quotidienne des femmes agricultrices du Québec. Depuis 25 ans, elle les soutient psychologiquement, leur offrant maints conseils pour traverser les différents obstacles sur leur route.
En contexte de pandémie, la psychologue a constaté l’urgence d’intervenir plus largement pour épauler les agricultrices face aux défis contextuels qui les attendaient. Selon elle, les exploitants agricoles vivent davantage de détresse psychologique que le reste de la population.
«J’ai remarqué beaucoup de détresse dans ce milieu, où j’opère depuis 25 ans», affirme d’entrée de jeu Mme Desrosiers.
Multiplication des séparations
En observant évoluer les couples au fil des ans, elle a décelé davantage de séparations dans le milieu agricole. «Surtout chez les jeunes couples», spécifie-t-elle. «Je n’en avais presque pas, il y a 25 ans. C’était des cas isolés ici et là. Mais on en voit de plus en plus chez les jeunes couples avec enfants. Et ça rajoute à la complexité du travail sur la ferme», dit-elle.
Une complexité qui se remarque encore plus chez les exploitants de fermes laitières qui se séparent. Dans ce type d’exploitations aux énormes défis, une séparation bouscule encore plus lorsqu’il y a présence d’enfants. Pas facile d’établir une garde partagée pour l’exploitant agricole. Cela le force à gérer sa vie autrement et à réorganiser un horaire déjà lourd compte-tenu des charges quotidiennes, sans parler de l’énorme stress financier, explique Mme Desrosiers.
Parmi ceux qui vivent de la détresse à la suite de leur séparation, elle remarque que certains deviennent workaholics pour oublier.
Plusieurs d’entre elles occupent désormais un boulot qui les amènent à l’extérieur. Les bouleversements psychologiques de ces femmes sont multiples. «Aujourd’hui, on retrouve de tout alors qu’auparavant, il n’y avait qu’un seul modèle de vie», souligne la psychologue Desrosiers.
Outiller les femmes
L’exercice Mieux gérer son stress en temps de crise se déroule d’abord par une conférence de la psychologue puis est suivi d’une discussion impliquant les participantes qui le souhaitent. Au début de l’automne, ce sont les agricultrices de la région des Laurentides-Outaouais qui en ont bénéficié.
Avec ses conseils avisés, la psychologue permet à ses auditrices de prendre consciences de failles, d’un déséquilibre relevant de certaines habitudes.
«Certaines m’ont dit avoir ensuite fait des choix, d’autres fait écouter la conférence à leur conjoint. Certaines ont fait de nouvelles connaissances et ont décidé de continuer de communiquer ensemble. D’autres ont décidé de renouer avec d’anciennes amies et connaissances. Donc, il y a de belles petites surprises, le réseautage fonctionne bien. Ça brise l’isolement pour certaines femmes coincées à la maison», remarque Mme Desrosiers.
Selon cette dernière, les gens du milieu agricole ont plus de ressources qu’ils ne le croient. «Les psychologues s’ajustent et offrent de plus en plus offrent leur services en ligne, via web comme zoom. Quand on sait que pour certaines la distance peut être un frein à consulter, c’est bien et ça ajoute des possibilités», conclut-elle.
Par Reine Côté
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