Le 16 octobre prochain, des marcheurs des quatre coins du Québec arriveront devant l’Assemblée nationale après six semaines de marche afin de convaincre le gouvernement québécois de mettre en branle les projets d’aires protégées dans le Sud du Québec pour lesquelles il existe des ententes régionales.
Issus du collectif citoyen de la Grande marche pour la protection des forêts, douze citoyens ont entamé le mouvement de marche à Ripon le 6 septembre dernier et accueilleront dans leurs rangs tout individu préoccupé par leur cause.
Après le rejet de trois projets d’aires protégés, 81 sont toujours sur la table. Les environnementalistes du collectif estiment leur création vitale pour le bien-être des populations et essentielle au maintien de réseaux d’aires protégées écologiquement représentatifs, bien gérés et bien reliés. Les pressions sur la biodiversité étant très fortes dans le Sud du Québec, de part notamment l’impact de l’activité humaine, il leur parait primordial de protéger ces territoires menacés.
Le Québec s’est d’ailleurs engagé, à travers la Convention sur la diversité biologique des Nations Unies, à respecter les objectifs fixés – objectifs dont la nouvelle cible sera discutée en octobre prochain, souligne le collectif.
Ça concerne tout le monde
Lors d’un entretien avec L’Éveil agricole la veille du départ, celui qui donné l’élan à la marche, le botaniste Pierre Gravel se montrait convaincu du bienfondé du mouvement qu’entreprennent les marcheurs et lance d’ailleurs un appel à tous ceux souhaitant se joindre à la marche en cours de route : hommes, femmes, autochtones, allochtones, jeune, aîné.
«On a essayé d’unir les gens de tout âge et de partout, même les enjeux forestiers, ça tourne souvent autour des autochtones. On voulait les honorer car ils ressentent un besoin de considération énorme. Les communautés s’étaient engagées sur les aires protégées et à la dernière minute, les ministres mettent de côté ces projets.
«Ce n’est pas une marche où l’on s’en va se plaindre. On est dans une optique d’échange, de partage et de dialogue. Et d’éducation populaire. Ce n’est pas que les politiciens ont des idées négatives, mais on n’a pas tous les mêmes yeux pour voir le monde. Et on aimerait que le message des scientifiques soit entendu», précise-t-il.
«C’est qu’il y a urgence de protéger la biodiversité car elle régresse, insiste-t-il. Déjà, il observe des espèces menacées, quand elles ne sont pas disparues : la tourte voyageuse, l’anguille d’Amérique – poisson le plus abondant de l’est – et le caribou. «Des espèces en mode disparition à cause des activités humaines», souligne le botaniste riponnais.
«Quand le premier ministre propose l’autonomie alimentaire et que nos espèces les plus abondantes anciennement, celles ayant permis de nourrir les êtres humains pendant des millénaires, disparaissent, ce n’est pas négligeable. Et l’on prétend être vert. Est-on si vert si nos poissons diminuent en abondance ?», martelle-t-il.
Patrick Gravel rappelle que les 24 élus dans la MRC de Papineau, à l’instar des communautés autochtones, se sont antérieurement montrés favorables aux projets de protection de ces aires forestières.
La protection des forêts
Le collectif de la Grande marche demande d’importants changements dans le but de protéger les forêts et propose des solutions concrètes. Voici la liste :
Concrétiser la centaine de projets d’aires protégées prioritaires dans le Sud du Québec, soumis par le ministère de l’Environnement, les MRC, organismes, communautés autochtones, citoyens et scientifiques, incluant ceux portés par les communautés locales.
Créer un observatoire indépendant ayant pour mission d’intégrer dans la gestion des forêts la science, les savoirs autochtones et les aspirations citoyennes.
Adopter une loi s’inspirant de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles afin d’empêcher la destruction des boisés urbains.
Modifier la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier pour y inclure la conservation de la biodiversité sur l’ensemble du territoire forestier; et des mesures immédiates pour protéger l’habitat des espèces menacées et vulnérables, ainsi que pour d’autres milieux d’intérêt pour la biodiversité, comme les milieux humides et les forêts anciennes.
«La Grande marche pour la protection des forêts souhaite marquer un tournant dans la transition économique, écologique et sociale, aujourd’hui plus que jamais indispensable pour assurer l’avenir des générations présentes et futures. La biodiversité est garante de la santé de tous les êtres vivants dont nous faisons partie. Chaque fois qu’une espèce disparaît, l’équilibre fragile de la nature, notre maison à toutes et tous, est mise en danger», souligne le collectif.
Au cours des six semaines de marche, les participants seront accueillis dans plusieurs municipalités. Autour d’une cinquantaine d’entre elles leur ont déjà apporté leur soutien par voie de résolution. La Grande Marche se terminera arrivera le 16 octobre devant l’Assemblée nationale et sera l’occasion d’un grand rassemblement et d’échanges.
Reine Côté
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