Vert Mirabel, l’affaire est dans le pot!

Pendant les 25 premières années de son aventure agricole, Stéphane Bertrand ne songeait nullement à produire autre chose que ses célèbres tomates roses. Encore moins le cannabis, lui qui n’avait jamais fumé de pot de sa vie. Voilà pourtant...

(Par Reine Côté) C’était pourtant un virage risqué pour l’entreprise maraîchère familiale qui détenait jusqu’alors au Québec une réputation enviable avec ses tomates roses et cultivées dans ses grandes serres.

Proposition séduisante

L’entrepreneur y a cependant flairé une belle opportunité de développer un nouveau produit avant-gardiste lorsqu’il a été approché par Canopy Growth, une entreprise canadienne spécialisée dans la production et la distribution de cannabis à usage médical.

L’offre du géant canadien du cannabis était difficile à écarter, car on lui proposait de devenir le principal fournisseur de cannabis au Québec pour Canopy Growth.

L’idée a ainsi fait son chemin dans l’esprit de Stéphane Bertrand. Quatre mois de réflexion durant lesquels il s’est permis d’aller visiter quelques fermes de production de cannabis en Ontario, question de voir ce qui l’attendait concrètement en cultivant un produit de ce genre.

Quelle ne fut pas sa surprise en voyant le grand nombre d’employés dans les bureaux et les serres. «Quand j’ai vu l’envergure de Canopy Growth, pour distribuer le produit au Canada, avec leurs 200 téléphonistes, j’ai compris l’importance de l’entreprise», se rappelle-t-il.

Il a vite réalisé que son entreprise, avec ses installations en serres, avait tout pour séduire le géant canadien du cannabis. «Avec mes aptitudes de producteur, et eux, avec leur expertise pharmaceutique, ça pouvait faire un bon partenariat. J’avais des serres très récentes, ultramodernes, très contrôlées, depuis 2016. Ce qui était bien pour la production du cannabis qui exige des soins précis», explique M. Bertrand.

Tabous et éducation

Restait à convaincre les membres de la famille impliqués dans l’entreprise familiale. À trois semaines de la signature du contrat, tout ce beau monde discutait encore sur l’immense changement qui attendait l’entreprise en prenant le virage cannabis.

«Moi, mon seul et unique but est d’être le meilleur de tous les producteurs. Il y a aussi l’idée d’enlever les tabous autour du cannabis», assure M. Bertrand, qui estime qu’il y a de l’éducation à faire sur la consommation de la substance si controversée.

Le producteur de Mirabel sait de quoi il parle. Il a visité des cliniques de recherche sur la douleur. «C’est assez fascinant de savoir que le cannabis peut soulager. Et nous, on va être pionniers dans ce domaine et ça nous motive et nous excite, les membres de ma famille et moi.»

La famille Bertrand n’a pas délaissé ses tomates roses pour autant. Celles-ci sont dorénavant cultivées uniquement dans la petite municipalité de Lanoraie, dans Lanaudière.

Stéphane Bertrand est très optimiste pour l’avenir de son usine de cannabis. Il n’écarte pas l’idée de devenir consultant pour d’autres fermes établies ici et à travers le monde. «C’est peut-être même moi qui vais éventuellement aller les coacher», laisse savoir celui-ci.

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