La Route 8, une nouvelle avenue pour les bières brassées et embouteillées par l’équipe de Constantin, traiteur et propriétaire d’une grande cabane à sucre à Saint-Eustache.

Devenir microbrasseur en pleine pandémie

S’adapter. Voilà le principal défi des acteurs du milieu agrotouristique en cette période pandémique qui touche tout un chacun.

Certains tirent leur épingle du jeu plus facilement, notamment les microbrasseurs venant à peine d’activer leurs cuves de brassage.

Sur la rue Georges à Mont-Tremblant, Julien Paquin-Varennes fait de la bière dans sa microbrasserie qu’il a nommé La Maison du brasseur, depuis la délivrance de son permis, l’automne dernier.

Dans son plan initial, il entrevoyait d’ouvrir une salle pour servir ses bières directement aux clients sur place, juste à côté de sa salle de brassage où il préparerait en fut une bonne partie de sa production.

Or, la COVID-19 a changé la donne. Déjà, les travaux Les 500 litres de fut prévu ont ainsi pris la forme de 2000 canettes, produites mensuellement. À emporter, évidemment. Un type de marché dont il estime les pertes à 25 % par rapport à son plan d’affaires anticipé. Il devra peut-être se tourner vers un plan B, soit la distribution aux supermarchés du coin.

Même si les mois de janvier et de février s’annoncent plus tranquilles en termes de vente, Julien Paquin-Varennes a bon espoir de faire de bonnes recettes. «On est quand même chanceux, vu l’engouement pour la bière. Je pense que ça va continuer d’être populaire après la pandémie et que ce qu’on a perdu va revenir au cours des prochaines années, surtout que les gens vont continuer de se promener au Québec cet été et ça, c’est bon pour notre marché», affirme-t-il.

Des canettes par milliers

À Mirabel, Xavier Leprohon, Jean-Michel Tremblay et Maxime Ducharme se sont associés pour créer Les Bières Philosophales, une microbrasserie dite «alchimique», qui a démarré ses activités en janvier 2020. Pour la petite histoire, Xavier a fait ses armes dans la gestion de brasserie, notamment la microbrasserie Noire et Blanche de Saint-Eustache, Jean-Michel en tant qu’imprimeur avec une longue liste de clients potentiels et Maxime a été désigné chef brasseur de la nouvelle microbrasserie.

Au départ, il était question d’un restaurant, mais les associés ont dû revoir leur modèle d’affaires avec l’arrivée de la COVID-19. Ils se sont donc tournés vers les salons de dégustation à l’image du Ruisseau Noir, de Terrebonne, et comportant seulement une vingtaine de place. Les restrictions sanitaires freinent bien sûr la tenue des salons, tels que prévus.

La COVID-19 a entraîné d’énormes délais pour le démarrage de la nouvelle entreprise, car la construction des locaux s’est étirée sur plusieurs mois causant un retard pour l’ouverture officielle de l’endroit.

Côté mise en marché, les canettes attendent pour le moment sur des étals que les clients passent les acheter sur place, rue J.A. Bombardier. Le chef brasseur Maxime réfléchie d’ailleurs à compléter la collection actuelle d’une septième bière à l’effigie de Mirabel. Même si les ventes vont bien, l’équipe lorgne du côté des restaurateurs pour publiciser leurs produits houblonnés. À plus long terme, l’équipe vise une offre d’au moins 16 produits différents.

Des 100 000 litres de production mensuelle prévus par l’étude de marché, 80 000 litres sont finalement brassés, soit une perte de 20 %.

Les gars s’estiment chanceux. «On a la chance d’être une entreprise essentielle avec l’ouverture de la SAQ permise. Donc on a été moins impactés», reconnait Xavier Leprohon.

Il faut bien s’adapter

Bien connu dans les Basses-Laurentides, la cabane à sucre Constantin vient de se lancer dans la fabrication de bières. En vue de compléter son menu offert en salle de réception, l’entreprise agroalimentaire souhaitait depuis trois ans y ajouter la bière en fut. C’est ainsi que La Microbrasserie Route 8 a été lancée.

L’équipe de Constantin avait prévu de commencer à brasser en 2019, mais la longueur des démarches et l’arrivée de la COVID-19 en mars 2020 a quelque peu changé leur agenda commercial. En plus de se voir forcée de fermer ses salles de réception dans la foulée des mesures sanitaires, l’entreprise n’a reçu son permis de brassage qu’en octobre dernier.

Qu’à cela ne tienne, l’équipe de Constantin s’est adaptée. S’il ne sert à rien d’envisager le fut pour leur liquide houblonné, on peut toujours l’embouteiller.

Avec un réseau de marchands distribuant déjà ses produits de l’érable, l’entreprise Constantin a vite fait d’ajouter ses quatre variétés de bières aux livraisons.

«La bouteille, ce n’était pas le marché qu’on avait prévu. Mais la vente se passe bien et on développe des marchés autres que prévus», assure Maxime Constantin, qui fait partie de la quatrième génération de la famille Constantin à l’entreprise.

 

Reine Côté

rcote@groupejcl.ca

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