Plus qu’un métier, l’agriculture est un mode de vie. Bien ancré son quotidien à la ferme, les deux pieds dans le champ, il est parfois difficile de concevoir que pour beaucoup d’enfants aujourd’hui, les aliments viennent de… l’épicerie. Le lien s’effrite entre les mangeurs et l’agriculture. Préoccupé par cette déconnexion, Charles Perreault, de la Ferme Raylou à Brébeuf, s’est entouré pour mettre sur pied le projet Je me cultive, de l’école à la ferme. «Si chaque enfant avait la chance d’aller sur une ferme ne serait-ce qu’une fois, on n’aurait peut-être pas besoin de leur expliquer que les toasts qu’ils mangent le matin ne viennent pas “juste” de l’épicerie. Ces jeunes pourraient devenir des futurs adultes plus consciencieux», lance-t-il.
Celui qui prend la relève de la ferme laitière familiale se considère chanceux d’avoir grandi sur une ferme. Il se rappelle des groupes scolaires que ses parents recevaient quand il était petit. «C’était marquant pour les camarades de classe qui n’avaient, pour certains, jamais mis les pieds sur une “vraie” ferme. Certains, aujourd’hui adultes, s’en souviennent et en parlent encore!» Avant, tout le monde connaissait un agriculteur. Ce n’est plus vrai aujourd’hui. De cette réflexion est né le projet afin de montrer aux jeunes d’aujourd’hui en quoi consistent la terre, l’agriculture et le métier d’agriculteur.
Grâce à l’intérêt soulevé lors d’une réunion de l’UPA Laurentides–Pays-d’en-Haut, le projet a été lancé avec d’autres partenaires (Commission scolaire des Laurentides, École-O-Champ, Table de concertation bioalimentaire des Laurentides, Table Forêt Laurentides). Au printemps dernier, un premier pilote a été déployé: 40 jeunes de l’école Fleur-des-Neiges, à Sainte-Agathe-des-Monts, ont reçu en classe Geneviève et Bruno Bessette avant de visiter leur ferme laitière biologique à La Conception. «La réponse a été phénoménale!», lance Charles Perreault. «Voir les yeux pétillants des enfants nous a confirmé qu’il fallait continuer.»
Le projet pilote se poursuit donc dès cet automne pour 160 élèves de 6e année qui visiteront la Ferme Raylou. Actuellement, Charles et les partenaires offrent leur temps tout en le comptabilisant: «On ne veut pas faire de l’argent avec ce projet, mais on souhaite que les frais soient nuls pour les producteurs. Ça nous semble important si on veut que le projet soit durable», explique-t-il, en insistant sur le sérieux de la démarche. Il invite toute ferme intéressée à recevoir des groupes scolaires à se manifester puisque, selon lui, le temps disponible étant un enjeu partagé par tous les agriculteurs, le projet ne sera pas durable si ce sont toujours les mêmes qui reçoivent les groupes.
Selon Charles Perreault, «la reconnexion, c’est l’affaire de tous: des consommateurs ET des producteurs. On a notre bout de responsabilité, celui d’ouvrir nos portes. C’est important pour les futurs mangeurs comme pour le futur de nos fermes locales».
Commentaires