Marc Renaud et sa femme, Marie, vignerons

Devenir vigneron en pleine pandémie

Marc Renaud et sa femme Marie, un couple de Montréal, ont sauté à pieds joints dans leur nouvelle vie campagnarde juste avant la pandémie en faisant l’acquisition d’un domaine viticole à Ripon, dans l’Outaouais.

Bénéficiant déjà d’une belle renommée, le Vignoble Mont-Vézeau et ses produits dispensés à la SAQ n’offraient que des avantages à cette transaction significative pour son nouveau propriétaire qui en rêvait depuis la fin de l’adolescence.

Fils d’agriculteurs et initié aux bons alcools durant son travail d’étudiant à la SAQ, Marc Renaud a approfondi ses connaissances viticoles par d’innombrables lectures durant dix ans et ses nombreuses conversations avec des sommeliers, vignerons et spécialistes en œnologie ainsi qu’en visitant beaucoup de vignobles. C’est que sa carrière dans l’industrie de l’équipement chirurgical en cardiologie l’a amené aux quatre coins du monde, lui laissant le loisir de découvrir les plaisirs de la bonne table et de ses accompagnements alcoolisés.

Ce passionné qui aime tant découvrir les terroirs se présente comme un épicurieux. «Je suis curieux et j’aime bien manger. Et je cuisine énormément et de manière élaborée», indique d’entrée de jeu le nouveau vigneron.

De tables en vignobles

S’ouvrir à la gastronomie est devenu un mode de vie pour lui au fil des ans. «Mon grand plaisir dans la vie, c’est de trouver de bonnes tables où je vais devenir un habitué. J’arrive tard en soirée pour avoir la chance de parler avec le cuisinier et le sommelier. J’aime comprendre l’impact d’un terroir et la qualité d’un aliment. J’ai eu la chance de travailler pour des sociétés basées en Californie et en Europe. Donc, si je passais devant un vignoble, je prenais la peine de m’arrêter pour parler avec les gens et comprendre leur processus. J’aime comprendre l’impact d’un terroir et la qualité »

«Je voulais mettre en place des produits différents. Je veux amener ça au plus haut niveau et m’assurer de la qualité. J’aime pousser les choses à l’extrême. Ça toujours été mon désir de bien faire les choses.»

M. Renaud a vite compris qu’avec le vin, il faut être ouvert d’esprit et comprendre le type de cépages privilégiés selon l’endroit. L’ancien propriétaire du Vignoble Mont-Vézeau avait développé des vins rouge, blanc, rosé et de fruits à partir de fraises et de framboises de même qu’un alcool fortifié aux framboises. Certains de ses produits ont même remporté des prix.

Faire sa marque

Le nouveau propriétaire lui, veut se différencier avec le temps, surtout dans le processus de vinification en changeant les protocoles de fabrication. Il veut également varier les recettes.

Il veut des cuves parfaitement nettoyées et éliminer l’oxygène du liquide pour enlever l’air de façon à ce qu’aucun élément externe n’altère le goût du futur vin. «C’est un protocole très serré que l’on pousse à l’extrême car on sait que c’est un gage de qualité. Ça prend plus de temps, mais c’est un gros avantage», explique-t-il.

Il observe un engouement certain pour le vin blanc à l’heure de l’apéro. C’est donc le premier produit qu’il a créé : La Bise. «Ce petit geste que la pandémie nous a enlevé et on ne laisse pas repartir nos clients sans qu’ils le sachent», précise-t-il, fier de sa première création. Malgré son succès à la boutique du vignoble, ce vin ne sera pas répété afin d’inscrire une signature personnalisée sur les prochains vins et s’éloigner doucement de la gamme de produits portant tous des noms liés au vent.

En janvier dernier, Marc Renaud s’est trouvé un partenaire de taille pour raffiner davantage son aventure vinicole : l’œnologue consultant Jérémie D’Hauteville. «L’un des meilleurs sommeliers du Québec, insiste le vigneron de Ripon. «Avec Jérémie, ça nous aide à élever notre niveau de qualité. Les vins qu’on a, ce sont de bons vins et on va les amener encore plus loin. On fait des analyses sur toutes les étapes majeures afin de savoir où l’on en est. On intègre un minimum de sulfites, ce qui est mieux pour les consommateurs. Moi-même allergique aux sulfites. C’est pourquoi je voulais préparer mon propre vin.»

Respecter son terroir

Au fil de ses rencontres et de ses visites vinicoles, Marc Renaud a retenu que l’on peut prendre l’expérience des autres pays, en respect avec son propre terroir. «Il faut faire attention. On ne peut pas faire comme eux. On n’a pas le même climat, ni le même territoire. Il faut développer les cépages qui vont se sentir bien puis exploiter la vinification au maximum. Il faut savoir s’adapter. »

Parmi les objectifs qu’il caresse pour les prochaines années, Marc Renaud ne cache pas son envie de goûter le plus grand nombre de vins possible ici, au Québec. Question d’être plus compétitif. «Je veux me retrouver dans les vins de qualité», souligne-t-il.

Au Vignoble Mont-Vézeau, envisage-t-on de se convertir à la méthodologie biologique? «On vient d’étendre 36 tonnes de compost bio sur nos cultures. Je n’ai rien contre le bio, mais ce n’est pas mon objectif majeur. Mon objectif, c’est d’offrir un produit de qualité», lance le vigneron avant d’aller de se remettre au travail.

 

Reine Côté

rcote@groupejcl.ca

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