Malgré l’accueil positif général des Producteurs de grains du Québec à l’annonce gouvernementale de la bonification au Programme d’assurance récolte de La Financière agricole, la division régionale Outaouais-Laurentides des PGQ éprouve néanmoins des réserves et souhaite même une hausse des protections.
C’est du moins ce qu’a laissé savoir dans une récente entrevue Guy Sabourin, le président du syndicat des Producteurs de grains Outaouais-Laurentides.
Les nouvelles mesures annoncées en mai dernier permettront aux producteurs d’assurer la protection de leurs céréales d’automne en cas de mortalité hivernale. Ces dispositions demandées par les PGQ depuis plusieurs années sont bien accueillies, surtout que les superficies cultivées en blé d’automne ont plus que triplé au cours des 10 dernières années au Québec.
En fait, le changement apporté au Programme d’assurance récolte consiste à couvrir les coûts associés au réensemencement du printemps. Il arrive en effet que les cultures de l’automne ne survivent pas à un hiver difficile, au gel, à la glace ou aux maladies occasionnées par le gel. Cette nouvelle protection sera disponible à compter des semis de l’automne 2019.
Mesures incomplètes
Ces mesures ne suffisent toutefois pas aux producteurs qui en souhaitent davantage, surtout en ce qui concerne la compétitivité du secteur des grains.
«Ce que les producteurs attendaient, ce sont des assurances de stabilisation pour les récoltes ou des programmes gouvernementaux qui couvrent entièrement les coûts de production», souligne M. Sabourin, qui représente les 700 producteurs de grains de son large secteur.
«Si l’on n’a pas de sécurité de revenu, investir dans l’avenir est plus risqué. Quand il n’y a pas de support, c’est très risqué. Les investissements dans le secteur agricole, c’est coûteux», insiste le président régional des Producteurs de grains.
C’est une vérité de La Palice que d’affirmer que l’agriculture est tributaire des conditions météorologiques et des intempéries. «On ne peut donc pas garantir un rendement égal à tous les ans», poursuit Guy Sabourin.
Et même bonifié, le programme d’assurance actuel ne répond pas aux besoins de l’agriculture biologique. «Le gouvernement veut qu’on pousse dans la production biologique, mais les assurances ne répondent pas aux risques entraînés par la production pour le bio. Les producteurs de grains biologiques n’ont pas de sécurité. Et en culture biologique, les risques sont nettement plus élevés qu’ailleurs», note-t-il.
Or, la compétition pour l’exportation profite souvent aux voisins américains, car les coûts de production sont plus élevés au Québec que chez l’Oncle Sam, où la réglementation est plus permissive. La Belle Province impose des dates à respecter pour l’épandage de pesticides ou de fumier, sinon il faut une dérogation du ministère de l’Environnement. «Ce ne sont pas des choses majeures, mais quand la bureaucratie s’ajoute, ça devient lourd pour le producteur. Et le coût de production devient lourd et plus élevé compte tenu du prix du marché et pour soutenir la concurrence», affirme M. Sabourin.
«On ne veut pas qu’ils baissent nos primes. On veut qu’ils nous sécurisent», dit-il.
À l’automne, les producteurs de grains prévoient une approche auprès de leur députation respective afin d’obtenir une amélioration des mesures.
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