Histoire de l'agriculture

Brève histoire de l’agriculture dans les Laurentides

Depuis quand cultive-t-on les terres des Laurentides? Comment s’y est développée l’agriculture dans ce territoire? Comment l’organisait-on? Qui possédait les terres? Comment les gérait-on? Quels sont les défis auxquels ont fait face les colons du Nord?

Voici une brève histoire de l’agriculture dans les Laurentides.

Le système seigneurial

Comme partout en Nouvelle-France, le territoire de ce qui constitue aujourd’hui la région des Laurentides était divisé en seigneuries, des terres dont les droits sur l’exploitation était accordée à des individus, le plus souvent issus de la noblesse ou à des communautés religieuses.

Les territoires seigneuriaux étaient divisés en longues bandes perpendiculaires à un cours d’eau, facilitant ainsi le transport et l’irrigation des terres. La plupart de ces bandes de terres débutaient sur les berges du fleuve Saint-Laurent. Dans les Laurentides, la rivière des Outaouais desservait la seigneurie d’Argenteuil et celle du Lac-des-Deux-Montagnes, la rivière des Mille Îles, la seigneurie du même nom.

Ainsi, les seigneurs accordaient aux habitants des parcelles de terrain qu’on appelait des censives, des lots qui étaient déchiffrés et par la suite cultivés. Le censitaire (l’habitant) louait sa terre au seigneur en payant un cens, des rentes et donner à son seigneur un quatorzième de sa production agricole. Pour sa part, le seigneur s’engageait principalement à construite et à entretenir un moulin à grain ainsi que des chemins.

Les seigneurs des Laurentides

La première seigneurie dans les Laurentides est celle d’Argenteuil. Ce territoire fut concédé en 1682 par le gouverneur Frontenac à Charles-Joseph d’Ailleboust des Musseaux (1621-1700), militaire, administrateur et magistrat né en France et inhumé à Montréal. La seigneurie resta dans la famille d’Ailleboust jusqu’à ce qu’elle soit achetée par John Johnson au début du XIXe siècle, alors que la Nouvelle-France était passée aux mains des Britanniques depuis plusieurs décennies. Les Johnson exploitèrent la seigneurie jusqu’à ce que le système seigneurial soit aboli au milieu du XIXe siècle.

La seigneurie des Mille-Îles fut octroyé une première fois en 1683 à Michel-Sidrac Dugué de Boisbriant, capitaine du régiment Carignan-Salière, puis commandant et gouverneur de l’île de Montréal. Le militaire meurt toutefois sans avoir légué sa seigneurie. Elle fut donc reconcédée à ses deux gendres. La seigneurie fut ainsi scindée en deux. Au fil de temps, la seigneurie des Mille-Îles s’agrandira et certaines subdivisions seront rebaptisées au gré des exploitants.

La seigneurie du Lac-des-Deux-Montagnes est concédée en 1717 par le gouverneur Philippe de Rigaud de Vaudreuil à la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice de Paris. Le but premier de la présence des Sulpiciens dans la région était l’installation d’une mission d’évangélisation. Entre 1740 et 1742, on érigea un calvaire dans le but de convertir à la foi catholique les autochtones qui occupaient le territoire d’Oka. Le territoire fut bien entendu développé par les habitants qui comme que dans les autres seigneuries des Laurentides et du reste de la vallée du Saint-Laurent, vivaient d’une agriculture de subsistance.

La colonisation du Nord

Au XIXe siècle, les seigneuries sont saturées et les Canadiens-français, principalement agriculteurs, tentent leur chance dans les usines de la Nouvelle-Angleterre. Témoin de cet exode, le curé Antoine Labelle qui occupe un poste de prêtre à Saint-Bernard-de-Lacolle, est envoyé dès 1868 à Saint-Jérôme dans le but de développer les territoires au nord de ce qui constituait anciennement la seigneurie des Mille-Îles.

Dès son arrivée à Saint-Jérôme, le curé Labelle se rend dans les Pays-d’en-Haut afin de rendre visite à des familles de bûcherons qui, travaillant pour les exploitants forestiers, sont installés dans la région depuis quelques années déjà. Très vite, il multiplie les expéditions. Empruntant la rivière Rouge, il se rend jusqu’à Nominingue et cherche des terres où installer des familles d’agriculteurs.

Pour faciliter l’installation de francophones catholiques dans le nord, Antoine Labelle militera toute sa vie pour la construction d’un chemin de fer reliant Montréal aux Hautes-Laurentides. En 1876, le train s’arrêta une première fois à Saint-Jérôme. Celui qu’on surnommait le roi du Nord trépassa toutefois avant que le train n’atteigne les gares des villages au nord de Saint-Jérôme.

Malheureusement, l’aventure agricole dans les Pays-d’en-Haut ainsi que dans les Hautes-Laurentides s’avéra une déception. Les terres étaient moins fertiles qu’on ne le pensait et plusieurs familles d’agriculteurs abandonnèrent leur lot. D’ailleurs, contrairement aux territoires des anciennes seigneuries du Lac-des-Deux-Montagnes et des Mille-Îles qui étaient exploités par les autochtones, les terres du Nord des Laurentides n’étaient pas cultivées par les premiers arrivants.

L’industrie forestière a toutefois poursuivi ses activités et l’économie du nord des Laurentides s’est finalement développé autour du secteur du tourisme et des sports d’hiver.

Simon Martel

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