L’engouement pour les légumes et fruits biologiques contribuent à l’attrait pour l’entreprise agricole maraîchère.

Engouement pour la culture maraîchère dans l’Outaouais

Depuis une dizaine d’années, la culture maraîchère suscite un véritable engouement chez les jeunes entrepreneurs.

Avec ses multiples terrains vallonneux et sa proximité des grands centres urbains, la région de l’Outaouais est particulièrement populaire. Regard sur une tendance croissante.

Rudi Markgraf, qui est chargé de projet au CRÉDÉTAO, observe un engouement bien réel pour les fermes maraîchères. Le programme Démarre ta ferme mis sur pied par la Plateforme agricole de l’Ange-Gardien, l’incubateur d’entreprise agricole de l’Outaouais à lequel il prête son expertise, est particulièrement populaire auprès des gens sans ferme ancestrale et souhaitant malgré tout vivre l’aventure paysanne.

La ferme maraîchère biologique, voire bio-intensive, accroche l’intérêt. Selon M. Markgraf, l’exemple de Jean-Martin Fortier avec sa panoplie de bouquins sur la culture maraîchère bio-intensive et la vie agricole séduit.

Mais il y a plus. L’équipement est moins onéreux que celui exigé pour une ferme laitière et puis l’incubateur de l’Ange-Gardien offre un réel soutien aux éventuels entrepreneurs. «La Plateforme agricole de l’Ange-Gardien fournit un site clé en main pouvant accueillir des gens non apparentés. Ils peuvent louer une serre, de l’espace en serre, en tunnel froid, de l’équipement agricole comme un tracteur, et surtout une terre où se trouve déjà en place un système d’irrigation, fait valoir M. Markgrif. Et dans ce modèle-là, on peut bâtir son historique financier, sa clientèle, ses techniques de production.»

Hausse notable

C’est que les données du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec lui donnent raison. Grâce à l’assistance de l’incubateur et aux prix encore relativement faible des terres jusqu’à l’an dernier, les fermes maraîchères ont poussé comme de petits pains chauds.

Entre 2010 et 2019, le nombre d’entreprises agricoles cultivant des fruits et des légumes dans le secteur de l’Outaouais a grimpé de 53 % et les revenus générés de ces cultures ont connu une hausse de 57 %. On y cultive principalement les pommes de terre, le maïs, les citrouilles, les courges et courgettes ainsi que les pommes, les fraises et les vignes.

Le MAPAQ note aussi la culture du houblon comme l’une des spécialités de la région. Six producteurs ont d’ailleurs créé la Coopérative de solidarité du houblon Pontiac en 2012 qui réunit leurs cultures s’étendant sur 8,2 hectares.

Selon le MAPAQ, le nombre d’entreprises agricoles biologiques a presque doublé depuis 2008 dans cette région. En 2019, on recensait 42 fermes certifiées biologiques, cultivant majoritairement des légumes.

Bénéfique soutien de l’incubateur

Ce regain d’intérêt pour l’agriculture, la Plateforme agricole de l’Ange-Gardien l’a bien perçu. «Depuis plusieurs années, on observe un engouement pour la relève non apparentée qui veut créer des entreprises maraîchères», assure Rudi Markgraf.

«Cet engouement-là, on le voit avec le succès des coopératives, la ferme Aux petits oignons, Jean-Martin Fortier. Ces fermes ont prouvé que ce modèle fonctionne et que ça peut être bon pour l’économie et la société», souligne M. Markgraf.

Or le problème est toujours le même : le pouvoir d’achat. «L’accès à la terre, ça coûte cher. Avec une serre, une chambre froide, un tracteur à deux roues, ça peut se faire. Mais presque pas sans l’incubateur et sans artères. Il y a plus de barrières à l’achat de terres actuellement. Et les producteurs ne veulent pas louer, car leur équipement vaut tellement cher. L’incubateur est équipé pour accueillir quelqu’un qui a un plan d’affaires, même s’il n’a rien. On leur donne cinq ans pour acquérir un savoir-faire

Pour l’année 2021, l’incubateur accueille dix fermes sur le site bénéficiant de leurs services, soit 14 entrepreneurs sur 19 âcres. Depuis sa mise sur pied en 2010, l’organisme a pris sous son aile 68 entrepreneurs. Le chiffre d’affaires global se situe entre 200 000 et 500 000 $ en plus de 2,6 millions de dollars d’achat de fermes. Dix-sept projets de fermes sont considérés comme réussis et dix autres sont encore en processus.

 

Reine Côté

 rcote@groupejcl.ca

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