Ce sondage démontrait qu’environ un producteur sur dix craignait de devoir fermer son entreprise pour des raisons financières.
Dans les Laurentides et en Outaouais, la situation est loin d’être plus reluisante et les inquiétudes sont on ne peut plus grandes en comparaison avec la moyenne québécoise. En entrevue, le président de l’UPA Laurentides Outaouais Stéphane Alary, indiquait que dans ce même sondage, 13 % des entreprises agricoles des deux régions pensaient que d’ici un an, elles seraient contraintes de devoir arrêter leurs activités. Dans les deux régions, 334 membres ont répondu au sondage.
Toutefois, monsieur Alary avait certaines réserves quant à la validité des résultats, autant dans l’ensemble du Québec que dans les Laurentides et en Outaouais. En effet, le tourment des agriculteurs est possiblement plus grand encore que ce l’on peut imaginer. « Pour ma part, c’est probablement pire que cela. Ceux qui sont dans une détresse intense ont-ils pris le temps de répondre au sondage? » avoue-t-il en entrevue.
Inquiétudes
Le président de l’UPA Laurentides Outaouais ne cache donc pas son inquiétude. « C’est sûr que sur le court terme, la chaîne d’approvisionnement ne sera pas mise en péril, on aura toujours les produits du Mexique et des États-Unis, mais sur le long terme, qui sait comment les prix des aliments seront affectés? » indique-t-il.
Monsieur Alary souligne aussi les conséquences à long terme d’une diminution possible de la production agricole au Québec. En effet, avec la crise climatique qui touche déjà de manière non négligeable nos voisins du sud, sommes-nous à risque si nous perdons une partie de nos agriculteurs? Ainsi, risquons-nous des pénuries alimentaires à venir? Risquons-nous aussi de perdre notre indépendance vis-à-vis d’entreprises étrangères qui pourraient être tentées d’acheter les terres? Enfin, c’est toute une expertise qu’on pourrait perdre si jamais des fermes multigénérationnelles devaient être abandonnées. Il s’inquiète enfin pour le paysage rural qui risque de souffrir de cette démission envisagée par plus d’un agriculteur sur 10 dans les Laurentides et en Outaouais.
Mesures
Pour remédier à cette crise financière, nous avons questionné Stéphane Alary sur les mesures qui devraient être prises. Il parle des programmes gouvernementaux qui existent, mais il souligne au passage que l’exercice est complexe et que le processus bureaucratique est fastidieux et pénible. Avec la pénurie de main d’œuvre et le poids de l’inflation qui gruge le moral et l’énergie des agriculteurs, l’aspect administratif et la recherche de financement sont de plus en plus lourds sur les épaules des membres qui voient leurs profits et leur faculté à réinvestir dans leur ferme fondre comme neige au printemps. « En fait, ça prendrait de l’argent neuve. Pourquoi pas des chèques comme plusieurs ont reçu pendant la pandémie? On a soutenu tout le monde pendant les dernières années » explique monsieur Alary qui finalement, s’attend à un retour d’ascenseur de la part des gouvernements.
Enfin, l’UPA a mis sur la table et dévoiler différentes propositions qui permettraient à plusieurs agriculteurs de se sortir la tête de l’eau et de survive à la tempête, dont une mesure de type compte d’urgence avec une portion non remboursable.
Résultat du sondage Agriculture sous pression de l’UPA
47 % des répondants ont indiqué anticiper une détérioration de la santé financière de leur entreprise d’ici les douze mois prochains. Deux fermes sur cinq n’ont pas les revenus nécessaires pour s’acquitter de leurs obligations financières. 65 % des répondants ont l’intention de réduire ou encore de reporter leurs investissements. 14 % pensent à diminuer la taille de leur entreprise. Enfin, une exploitation agricole sur dix craint devoir fermer.
Simon Martel
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