C’était la troisième fois que les flammes détruisaient le travail d’une vie. Leur vie quotidienne.
Complètement défaite, Annie Dumontier a malgré tout accepté d’offrir son témoignage à L’Éveil agricole. Du moins pour ce qu’elle sait, puisqu’une enquête était toujours en cours à la fin juillet.
Autour de 200 vaches laitières ont péri dans les flammes lors que le brasier s’est attaqué à l’étable. Les jeunes taures du troupeau qui sont abritées dans un bâtiment un peu plus loin n’ont pas été touchées. Mais il s’en est fallu de peu. Par réflexe, ils se sont vite précipité vers le matériel de travail pour en sauver le plus possible des flammes.
En dehors du lait des vaches, la culture du foin est la seule activité qui reste à la famille Dumontier, Annie, Éric et leur fils de 29 ans Yvain, qui devait prendre leur relève après 30 ans de besognes agricoles acharnées.
Brasier incontrôlable
L’incendie s’est déclenché extrêmement rapidement, se souvient Mme Dumontier. C’est sa belle-fille qui a été alertée par un bruit bizarre, le crépitement des flammes. Même si son mari Éric et son fils étaient toujours dans les parages, ils ont dû se résigner vite à appeler le Service incendie de Mirabel, qui est intervenu sur les lieux rapidement.
«On a beau dire, on ne s’y attend pas. C’est tellement soudain. Mon conjoint avait eu une grosse journée aux foins. Mon fils venait d’aller voir les vaches quelques minutes avant. On a appelé les pompiers vers 10h30.»
Le brasier était d’une telle force que les bras de pompiers de Lachute et de Saint-André-d’Argenteuil ont été appelé en renfort. Près de 40 pompiers en tout se sont démenés jusqu’aux petites heures du matin pour maîtriser les flammes.
Choc post-traumatique
Comme c’est souvent le cas, l’adrénaline permet aux individus victimes d’une catastrophe soudaine de tenir le coup. C’est dans les semaines qui suivent que la surcharge émotionnelle déborde. Au bout de la ligne, le 29 juillet, Annie Dumontier peinait à répondre aux questions qui lui étaient posées tant sa douleur la tenaillait.
Jour après jour, elle tente de se ressaisir en relativisant les choses, mais… «C’est un drame. J’essaie de ne pas penser aux animaux, car c’est émotionnel pour moi. Au moins, on a pas perdu la maison et personne n’a été blessé», confie-t-elle.
N’empêche que c’est un mauvais rêve qui se répète pour la famille Dumontier. Deux autres incendies précédents avaient détruit leur ferme laitière: le premier en 1998 et le second en 2013. La reconstruction de l’étable actuelle avait été terminée en 2015 et modernisée avec robots de traite.
Soutien et courage
Les lendemains seront durs pour la famille Dumontier. «On regarde ça et on a juste en vie de se sauver», dit Mme Dumontier, qui vit avec son mari et sa mère de 87 ans dans la maison intergénérationnelle partagée avec leur fils Yvain et sa conjointe.
Mais la famille Dumontier reçoit un peu d’aide. L’UPA Outaouais-Laurentides a loué le quota de lait de la Ferme D’Ancoeur et s’occupe des jeunes taures et offre aussi son soutien pour les démarches administratives.
«On ne sait pas encore ce qu’on va faire. Il faut le trouver le courage de redémarrer. Et c’est quand même quelque chose de rebâtir. C’est un long processus», confie la dame du rang Saint-Vincent dont l’héritage agricole qu’on souhaitait transmettre demeure incertain.
Reine Côté
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