Sur la carte, les zones en rouge représentent les claims miniers (carte produite par Jaques Daoust, août 2022).

Sur la carte, les zones en rouge représentent les claims miniers (carte produite par Jaques Daoust, août 2022).

L’exploration minière, un enjeu pour la protection des terres

Il y a quelques semaines, la 59e assemblée générale annuelle de la Fédération de l’UPA Outaouais-Laurentides a eu lieu.

Réunis à Saint-Eustache le 26 octobre dernier, les producteurs et productrices des Laurentides, de l’Outaouais, de Montréal et de Laval ont souligné l’importance de protéger l’intégrité des territoires agricoles. Dans son communiqué de presse publié le 1er novembre dernier, l’UPA Outaouais-Laurentides a indiqué que ces derniers sont « une ressource non renouvelable et chaque parcelle cédée en est une qui ne pourra servir à nourrir les prochaines générations. »

Le dézonage au profit des infrastructures de transport et des projets immobiliers avait déjà été soulevé à maintes reprises dans le passé, mais cette fois-ci, c’est sans aucun doute l’exploration minière qui a retenu l’attention des délégués et des membres lors de cette rencontre. En effet, le nombre des claims miniers dans les Laurentides et en Outaouais est en constante augmentation.

Qu’est-ce qu’un claim ?

Selon le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, un claim est un titre minier qui accorde le droit exclusif de procéder à des travaux de recherche de substances minérales. Les frais pour l’obtention d’un claim s’élèvent à 37,50 $ pour une superficie de 25 hectares ou moins et à 73 $ pour une superficie de 100 hectares. L’achat d’un claim se fait par l’intermédiaire de la plateforme WEB GESTIM, le système de gestion des titres miniers. Ce système d’octroi des droits, exploration, hérité du XIXe siècle, autorise ainsi tout le monde à obtenir ces autorisations, aussi bien les compagnies minières que les simples citoyens.

Pourquoi y a-t-il des claims dans les Laurentides et en Outaouais ?

La réponse à cette question, c’est le graphite, une composante essentielle dans la conception de batteries de véhicules électriques.

Alors que les gouvernements Legault et Trudeau viennent d’annoncer publiquement des investissements sans précédent auprès de compagnies de cellules de batteries, notamment auprès de la suédoise Northvolt, les claims miniers ont bondi de 49 % au cours de la dernière année dans la MRC des Collines-de-l’Outaouais, de 39 % dans la Vallée-de-la-Gatineau et de 10 % dans Antoine-Labelle. Selon les données du ministère des Ressources naturelles et des Forêts, il y aurait 3466 claims dans les Laurentides et 5766 en Outaouais.

De nombreux citoyens et regroupements s’inquiètent ainsi de la préservation des milieux naturels et des terres, notamment le Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation, qui voit d’un mauvais œil le développement de mines à ciel ouvert sur son territoire.

Il en va de même pour Stéphane Alary, qui craint que la croissance du secteur des véhicules électriques ne se fasse au détriment de la protection des terres. Dans un communiqué de presse, le président de l’UPA Outaouais-Laurentides a indiqué que « le développement économique ne doit pas se faire aux dépens des terres agricoles. Un travailleur qui n’a pas mangé ne sera pas très productif. Notre garde-manger, nos terres agricoles, elles servent non seulement aujourd’hui, mais doivent être préservées pour les futures générations. C’est une responsabilité collective. »

 

Par Simon Martel

Commentaires