Stéphane Alary prêt à soutenir les agriculteurs dans la crise

Nouveau président de la Fédération UPA Outaouais-Laurentides

Élu président de la Fédération UPA Outaouais-Laurentides l’été dernier, Stéphane Alary entame son mandat dans un contexte de pandémie sans précédent, bouleversant du coup son agenda. L’heure est à la solidification de l’équipe syndicale afin de préparer la mobilisation nécessaire pour traverser la crise. Le bilan de l’après-crise déterminera le plan d’actions pour la suite.

Une chose est certaine: le milieu agricole au grand complet est touché par la COVID-19.

Bien que considéré comme services essentiels, les entreprises agricoles subissent les impacts de l’arrêt des activités économiques courantes: les fermes d’élevage de vaches, bœuf, porc, volaille ou de production de lait. Le réseau de la distribution alimentaire, qui approvisionnaient les restaurants et les institutions, se voit privé d’importantes sources de revenus.

Mais les producteurs agricoles savent s’adapter et sont assez agiles en temps normal, certains parviennent à faire de la livraison de leur production, selon Stéphane Alary.

Est-ce que la situation s’annonce différente pour le secteur de la production maraîchère? En cette période printanière, il fallait s’assurer de l’approvisionnement de semis pour ensemencer et ainsi entamer le cycle des récoltes. Tout s’est bien passé, assure M. Alary. «Il ne faut pas s’attendre à ce que toutes les superficies normalement cultivées soient ensemencées, dans le contexte actuel», prévient M. Alary.

«Mais nos maraîchers ont besoin de travailleurs et nous à l’UPA, on essaie de les soutenir», souligne ce dernier. C’est qu’à peine 35 % des travailleurs étrangers pourront venir au Québec en 2020. Principalement du Guatemala. Si l’UPA se charge de bien communiquer les consignes et mesures à respecter, l’hébergement demeure sous la responsabilité du producteur agricole qui les embauche.

Mangeons local

M. Alary observe ce qui se fait et se dit autour de l’autonomie alimentaire au Québec. Est-ce que la crise de la COVID-19 durera assez longtemps pour susciter une réflexion collective sur les habitudes de consommation?

«Pour bien s’alimenter, le consommateur doit se poser la question: est-ce local ce produit? Il faut que ça devienne naturel», pense le président régional de l’UPA.

C’est la transmission des valeurs découlant du système éducatif qui amènera de réels changements, croit-il. Surtout qu’à l’heure actuelle, le discours dominant veut que les producteurs agricoles soient des pollueurs. Une image à défaire, souligne M. Alary.

Mondialisation contre-productive

Selon lui, l’importation de produits entrave sérieusement la promotion de l’achat local. Les exportateurs sont de gros joueurs ayant entre leurs mains le pouvoir de la distribution.

Pour obtenir des prix compétitifs, il faut le soutien gouvernemental et établir une stabilité des prix, spécifie-t-il. Une assurance-stabilité sur les revenus comme l’assurance-récolte. Or, il est connu que la stabilité est difficile à maintenir en agriculture.

«C’est un milieu qui est fragile, il faut en être conscient. Ça prend des investissements de la part du gouvernement dans la recherche afin d’améliorer les techniques et les façons de faire», indique-t-il.

L’appel du gouvernement Legault à encourager l’achat local et les agriculteurs lui redonne confiance. «Des gens autour de moi m’en parlent déjà. L’argument contre nos produits locaux, c’est le prix qu’on les paie», déplore-il.

Or, ce n’est pas le temps de baisser les bras. «On a tous dit bravo en voyant la facilité à s’approvisionner de produits provenant de partout au monde, mais maintenant faut penser en terme d’écolodollars. Il faut penser à l’avenir et à l’écologie. Il faut commencer par s’aimer soi-même», conclu-t-il.

 

Par Reine Côté

rcote@groupejcl.ca

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