Ottawa offre 252 M $ au milieu agricole

Une aide nettement inférieure aux besoins des agriculteurs

La somme de 252 millions $ annoncée le lundi 5 mai dernier par le premier ministre Justin Trudeau pour venir en aide au milieu agricole demeure nettement insuffisante pour combler les pertes encourues depuis la fermeture de toute activité économique au Québec dans la crise actuelle de la COVID-19, selon la Fédération UPA Outaouais-Laurentides.

Pour la Fédération UPA Outaouais-Laurentides, cette aide est très loin du fonds d’urgence de 2,6 milliards de dollars réclamé par le milieu agricole.

«Nous apprécions les efforts annoncés par le gouvernement Fédéral hier (le 5 mai), mais l’aide est nettement inférieure aux besoins des agriculteurs», assure Stéphane Alary, le président de la Fédération UPA Outaouais-Laurentides.

Il faut savoir que l’aide annoncée par Ottawa se déploie en trois volets: 77 M$ aux entreprises de transformation pour le matériel de protection comme les gants, masques et visières ainsi que pour l’aménagement de protocoles sanitaires indispensables aux travailleurs en usine; 50 M$ pour redistribuer les surplus de produits alimentaires des producteurs agricoles aux banques alimentaires; et 125 M$ pour Agri-relance, un programme ficelé pour venir en aide aux éleveurs de bétails et de porcs.

La Commission canadienne du lait disposera quant à elle d’une marge de crédit supplémentaire de 200 M$.

Impacts sous-estimés

«L’ampleur et l’étendue des impacts de la crise continuent d’empirer à cause de coûts exorbitants, d’une baisse de la capacité des usines de transformation et de la fermeture de certaines d’entre elles et à cause de la perte de l’industrie des services alimentaires et de l’immense incertitude entourant l’accès à la main-d’œuvre requise», ajoute-t-il.

Pour donner une idée de l’importance des défis qui attendent certains agriculteurs, le président régional de l’UPA rappelle que les animaux destinés aux abattoirs et qui demeurent à la ferme en raison de l’arrêt ou du ralenti des activités d’abattage entraînent des coûts supplémentaires pour les éleveurs qui doivent les garder. «Il faut soutenir les abattoirs afin qu’ils puissent faire leur travail», insiste M. Alary, qui juge insuffisante l’aide de 77 M $ pour le secteur de la transformation, compte-tenu des besoins criants.

La Fédération UPA Outaouais-Laurentides estime que les divers programmes de gestion des risques actuels inadaptés ne permettent donc pas aux producteurs et éleveurs de traverser la crise actuelle. Sans un fonds d’urgence adéquat, croit l’UPA régionale, la menace d’une crise d’approvisionnement est bien réelle au Canada.

En comparaison, rappelle-t-on, le gouvernement américain a versé une aide dix fois supérieure à ses agriculteurs que le Canada. «C’est pourquoi nous demandons une aide d’urgence à l’instar de celle annoncée par le gouvernement américain il y a quelques semaines. En plus des défis nationaux auxquels nous sommes confrontés, les agriculteurs d’ici sont également en concurrence directe avec les agriculteurs américains qui ont eu accès à un soutien gouvernemental considérable de 19 milliards de dollars pour les agriculteurs et éleveurs, dont 3 milliards pour acheter des produits alimentaires», déplore M. Alary, qui entend bien surveiller de près l’évolution de la crise chez les producteurs régionaux.

Par Reine Côté

rcote@groupejcl.ca

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