De petits cochons

La chaîne d’abattage implique différents types de métiers tels que des conducteurs, des bouchers, des vétérinaires, etc.

Portrait de la situation de l’abattage dans la région

Le 24 avril dernier, différents acteurs du monde agricole des régions des Laurentides et de l’Outaouais se réunissaient en visioconférence pour entendre les résultats du rapport du projet ÉPATTE présentant un « diagnostic de l’écosystème des abattoirs ».

Le but de la rencontre était aussi de connaître les priorités des éleveurs des Laurentides et de l’Outaouais, au regard des problématiques en lien avec l’abattage des bêtes d’élevage.

Le rapport du projet ÉPATTE, acronyme désignant Écosystème, Produire, Abattre, Transporter, Transformer et Employer, coordonnés par le Carrefour bioalimentaire Laurentides ainsi que l’UPA Laurentides-Outaouais, a été réalisé en collaboration avec le cabinet Forrest Lavoie Conseil, spécialiste du secteur agroalimentaire.

Ce 24 avril dernier, nous avons donc pu constater le portrait de la situation ainsi que les enjeux soulevés. Les auteurs du rapport ont aussi proposé plusieurs recommandations et pistes de solutions pour améliorer le sort des éleveurs des Laurentides et de l’Outaouais.

Portrait de la situation et enjeux

En Outaouais, des 955 fermes existantes, 51 % sont des fermes d’élevage. Dans les Laurentides, il existe 433 fermes d’élevage, représentant 34 % des entreprises agroalimentaires. Un peu plus de 100 000 bêtes d’élevage se retrouvent dans les deux régions, dont presque 75 % sont des bovins. En outre, la majorité des producteurs, qui d’ailleurs souhaitent augmenter leur production, n’avaient pas de relève pour leur succéder.

Les éleveurs ont accès à quatre abattoirs provinciaux situées respectivement dans les MRC de Papineau, Pontiac et Antoine-Labelle, dont deux ne font qu’exclusivement de la volaille. Un autre abattoir, celui-ci de type fédéral et situé à Terrebonne, est utilisé par les éleveurs des Laurentides et de l’Outaouais. Enfin, un abattoir de proximité à Mirabel est aussi utilisé. Par ailleurs, il n’y a pas d’abattoirs provinciaux pour les bêtes telles que le lapin, le canard, le bison, l’autruche ou le wapiti. Ceci décourage donc les producteurs qui seraient intéressés à se lancer dans ce type de production. Il semble aussi y avoir de grands problèmes pour l’accès aux abattoirs, pour la prise de rendez-vous ainsi que pour le stockage et la congélation de la viande.

Les éleveurs, en plus de devoir effectuer bien souvent qu’autrement de grandes distances pour mener leurs bêtes chez le boucher, doivent utiliser leurs propres moyens de transport ou encore, engagé un tiers pour le faire. Ceci, en plus d’engager des frais supplémentaires, augmentent le stress chez les animaux.

Enfin, la chaîne d’abattage, nécessitant différents types de métiers tels que des conducteurs, des bouchers, des vétérinaires, etc. est mis à rude épreuve en raison de la pénurie de personnel et de la relève qui est très peu présente à l’appel.

Recommandations proposées dans le rapport

Au regard de la situation et des enjeux auxquels font face les éleveurs, différentes recommandations ont été proposées. En voici quelques-unes : créer une trousse de démarrage pour les nouveaux producteurs; mettre en place une plateforme web permettant la réservation d’un transport vers un abattoir ainsi qu’un rendez-vous pour l’abattage; établir un projet-pilote d’abattage à la ferme; mettre sur pied une campagne de sensibilisation dans les écoles secondaires pour faire connaître le métier de boucher, créer des maillages entre les finissants et les entreprises d’abattage.

La suite des choses

Pour la suite des choses, Cynthia Guindon de l’UPA Laurentides-Outaouais rappelait pendant la période de questions que tous les acteurs du milieu devront mettre la main à la pâte pour améliorer la situation de l’abattage. Elle invitait donc les propriétaires d’abattoir, le MAPAQ et les municipalités à venir s’asseoir à la table pour régler une situation qui concerne finalement toute la communauté.

Pour sa part, Stanley Christensen, producteur de bovins à Lac Ste-Marie, soulignait que la réouverture de l’abattoir de Ferme-Neuve serait déjà un pas dans la bonne direction et que tous les efforts devraient se concentrer dans ce projet. Sans en dire plus long, Charles-Antoine Ménard de l’UPA, qui chapeautait la réunion, indiquait qu’on espérait « avoir des services d’ici un an ».

La mise en place de solutions demeure toutefois complexe compte tenu du fait que le politique doit inévitablement donner son aval pour ce type de projet. Ultimement, les membres de l’UPA Laurentides-Outaouais et les autres acteurs concernés devront prioriser un petit nombre d’actions en particulier et soumettre un projet aux élus.

 

Simon Martel

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