Photo Reine Côté - Sécheresse et pandémie, une bien mauvaise combinaison.

Sécheresse et COVID: une tempête pour les maraichers

«C’est comme si on avait eu une tempête. Ensemble, la COVID et la sécheresse ont vraiment causé de gros problèmes.»

Catherine Lessard, la directrice de la recherche et développement de l’Association des producteurs maraichers du Québec, résume ainsi l’été 2020 subit par un nombre incalculable de maraichers de la Belle Province.

«La COVID a été déclarée au moment où les producteurs maraichers font leur plan de cultures pour la saison estivale. Selon nos sondages, il y a donc eu une diminution de 10 % de production, les producteurs craignant d’avoir du mal à avoir des travailleurs étrangers en raison de la COVID», explique Mme Lessard.

Or, si le manque de main-d’œuvre laissait craindre le pire pour l’été 2020, la température chaude et sèche sec a causé bien des maux de tête aux maraichers. Pour plus d’un, laisse savoir Mme Lessard, le véritable défi a été d’aménager des systèmes d’irrigation pour que leurs fruits et légumes reçoivent suffisamment d’eau pour pousser.

Dans un tel contexte, poursuit Mme Lessard, «le manque de main-d’œuvre est venu exacerber les effets de la sécheresse. Les systèmes d’irrigation qu’il faut déplacer, ça prend de la main-d’oeuvre».

Et la main-d’œuvre locale n’est pas toujours apte à relever les défis du travail de ferme et de la terre. Travailler sous le soleil intense n’est pas si facile à supporter pour quiconque n’en n’a pas l’habitude, quel que soit l’âge. Encore faut-il apprendre à exécuter efficacement et rapidement les tâches agricoles. Voilà le type de commentaires répétés par plus d’un producteur agricole en cet été si particulier.

Un marché variable

Mais la situation est très variable d’une ferme à l’autre, prévient-elle. «La température élevée comme on l’a connue, ça eu des impacts de croissance sur certaines cultures, comme la carotte. Certains semis ont brûlé aussi

Tous les producteurs maraichers ont souffert de cet été sec, mais particulièrement ceux cultivant les légumes-racines comme les oignons, carottes et betteraves, des cultures moins bien irriguées, précise Mme Lessard. «Ce n’est pas une bonne année pour personne», souligne-t-elle.

Quant à une éventuelle hausse des prix des fruits et légumes, celle-ci sera vraisemblablement multifactorielle. D’une part, les producteurs locaux ont subi une baisse de clientèle en perdant hôteliers et restaurateurs, eux-mêmes aux prises avec une baisse de fréquentation, sans parler de ceux n’ayant pas pu rouvrir leurs portes.

Mais il ne faut pas oublier que la variation des prix s’établie toujours en fonction de l’offre et de la demande, laquelle fluctue en fonction du marché international, fait remarquer Catherine Lessard.

Bien que l’on observe un engouement pour les produits locaux, la diminution de la production 2020 pourrait elle aussi jouer sur le prix des fruits et légumes au cours des prochains mois, selon ce qu’observent les connaisseurs. Tout dépend évidemment du produit cultivé.

Selon le président de l’Union Paysanne, Maxime Laplante, les producteurs de céréales qui doivent vendre rapidement leurs grains obtiendront un prix inférieur à leur valeur habituelle, à ce qu’il dit. «Actuellement, il y a une abondance de récoltes de céréales. En ce qui me concerne, si je les entrepose et les vends plus tard, j’en retirerai un meilleur prix», assure-t-il.

 

Par Reine Côté

rcote@groupejcl.ca

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