Au moment d’écrire ces lignes, l’UPA, l’APMQ et FERME demandaient à Ottawa et Québec de resserrer le processus de dépistage de la COVID afin de rendre les TET prêts à travailler à la fin de leur quarantaine.

Travailleurs étrangers temporaires: pourquoi faire simple si l’on peut tout compliquer?

Alors que la pandémie avait complexifié la venue de travailleurs étrangers temporaires en 2020, bon nombre de producteurs agricoles redoutaient une situation similaire cette année. Ils n’avaient pas tout à fait tort.

L’actuelle pandémie n’ayant pas l’intention de refreiner ses ardeurs, le gouvernement a décidé d’imposer de sévères mesures pour l’entrer au pays de ces travailleurs, qui sont essentiels au bon fonctionnement des fermes.

Chaque travailleur qui prendra l’avion à partir de son pays doit effectuer le test du dépistage de la Covid-19 trois jours avant d’embarquer dans l’avion qui l’amènera au Canada, qu’il devra refaire une fois sorti de l’avion. Il sera dirigé peu après dans un endroit sûr, assuré par son employeur, pour y passer sa quarantaine. Au 10e jour de sa retraite forcée, il devra faire un autotest de dépistage en suivant les directives d’une infirmière sur vidéo.

Lourdeur de la gestion

Or, les pépins sont légion en cours de processus.

Marie-Ève Bigras et son frère gèrent la Ferme Serbi, une entreprise maraîchère de la 25e avenue à Saint-Eustache où l’on cultive tomates, choux et rhubarbe sur 500 arpents. Depuis plus de 25 ans, l’entreprise familiale accueille chaque année 30 TET, indispensables ouvriers ayant le cœur à l’ouvrage dans les champs, peu importe les intempéries ou la chaleur.

Malgré leur préparation à la suite de l’expérience 2020, Marie-Ève et son frère sont dépassés par les mesures imposées par Ottawa. Non seulement, ils subissent une perte de revenus en hébergeant leurs travailleurs dans une maison qu’ils louaient, mais ils doivent aussi défrayer l’alimentation de leurs travailleurs et se priver d’eux dans les champs, le temps de la quarantaine.

Ça ne finit plus

 «J’angoisse depuis qu’ils ont annoncé le test du 10e jour. Et presque tous les employeurs comme moi font face à la même situation. Je dois aider mes travailleurs à faire leur test. Il faut être conscient que les travailleurs étrangers n’ont pas tous un téléphone intelligent pour se connecter à la plateforme Switch Health. Donc ils ont besoin d’aide. J’ai demandé une infirmière parlant espagnol et on m’a donné une infirmière qui parle en anglais. Or, mes TET ne parlent ni français ni anglais. J’ai dû superviser l’opération et traduire l’infirmière. Si le test est perdu, on doit tout recommencer le processus», déplore Marie-Ève Bigras.

«Mais les malheurs ne finissent pas là. On envoie le test par Purolator et beaucoup sont égarés. Et leur camion ne ramasse pas avant le lundi le test qui a été fait le dimanche et qui doit être réfrigéré. On doit ensuite attendre les résultats alors que l’employé pourrait sortir travailler après sa quarantaine. Mais tant qu’on n’a pas les résultats, on ne peut pas le sortir de sa quarantaine. Et évidemment, l’employé est malheureux. Et on doit les payer quand même, les nourrir, et faire avec les retards dans les champs.»

«Et cette année, on m’a avisée que les producteurs agricoles allaient être plus surveillés. Je me suis fait appeler par la CNESST, l’Institut de la Santé du Québec, Garda, la police municipale et par Services Canada – en anglais – pour confirmer que mes employés sont bien en quarantaine.»

Marie-Ève Bigras essaie de relativiser sa situation. «Moi ça va, j’ai seulement 30 travailleurs étrangers. Imaginez les employeurs qui en ont 200 : c’est toute une gestion.»

 

Reine Côté

rcote@groupejcl.ca

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