Un monde ouvert sur la différence

Le monde agricole évolue, son visage change. Les entrepreneurs qui choisissent la terre comme nouvel environnement de travail sont non seulement plus jeunes, mais leur profil s’élargit au profit des minorités culturelles et sexuelles.

Dans le lot, on y retrouve des couples de la communauté LGBT ayant opté pour le métier traditionnel de fermier. Et personne ne trouve à redire, pas même les ruraux jadis perçus plus conservateurs que les citadins.

En fondant Fierté Agricole en 2012 pour offrir un soutien aux personnes de la communauté LGBT vivant en milieu rural, Joé Desjardins souhaitait un jour voir les gens changer leur regard sur les personnes ayant choisi une orientation sexuelle et de genre différent du modèle traditionnel.

Il a été agréablement surpris par la réaction chaleureuse des gens à la présence d’un candidat gay à l’émission de téléréalité L’Amour est dans le pré. «On s’attendait à voir de l’homophobie à la suite de ça et, non, pas du tout, il n’y a eu aucun commentaire en lien à l’homosexualité. Les gens ont aimé le couple. Ils les ont trouvés beaux. C’est certain que ç’a un impact positif sur la communauté gay car cette émission est le reflet de la société», lance Joé Desjardins.

Retour au patelin

Ce dernier observe de plus en plus de personnes LGBT s’établir en campagne, quand il ne s’agit pas d’un retour au patelin. Il ne peut s’empêcher de penser que le travail de son organisme, qui regroupe 80 membres actifs et attire jusqu’à 300 personnes lors d’activités ponctuelles, y est pour quelque chose. «Fierté agricole fait de la sensibilisation. On va dans les écoles d’agricultures, on assiste à des événements et les intervenants sont ouverts. L’inclusion s’est faite», souligne-t-il.

Mais il y a plus. «Il y a une plus grande représentation de personnes homosexuelles, notamment à la télévision», dit-il en nommant les Ariane Moffat, Pierre Lapointe, Catherine Levac et Dany Turcotte. Et avec des films comme C.R.A.Z.Y., le cinéma contribue à leur acceptation sociale, croit-il.

«Qu’on parle moins de sida, ça fait une pression de moins sur les homosexuels. Les gens ont compris que sida et homosexuel n’étaient pas des synonymes», spécifie M. Desjardins.

Puis les choix de vie se font au grand jour, du coup les personnes LGBT sont moins marginalisées. «Les jeunes font leur «coming out» plus tôt dans leur vie. On en voit à 15 ans. Et les jeunes dans les écoles connaissent des amis qui ont deux papas ou deux mamans», relate le directeur de Fierté Agricole.

«Les gens ont vraiment évolué au Québec et même dans les campagnes. Il n’y a plus ce sentiment de rejet là. Et il existe des Fiertés Agricoles dans les régions qui tiennent des événements. Et c’est bien comme ça, car les gens veulent rester dans les régions.»

 

Reine Côté

rcote@groupejcl.ca

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