L’année 2020, une année pleine de défis pour l’équipe de FraiseBec : Simon Charbonneau, Pierre-Luc Deschamps, Isabelle Charbonneau, Kristel Charbonneau et Louise Charbonneau.

«2020: un stress énorme à vivre» – Isabelle Charbonneau, de FraiseBec

Les propriétaires de l’entreprise FraiseBec se souviendront longtemps de 2020, alors que la canicule estivale est venue s’ajouter à la gestion de la fraisière de Sainte-Anne-des-Plaines déjà complexifiée par la COVID-19.

Isabelle Charbonneau, maîtresse des lieux, l’admet d’entrée de jeu: ce ne sont pas les défis qui ont manqué sur sa fraisière depuis que la planète vit en mode pandémique.

D’abord, il a fallu revoir le mode d’accueil des travailleurs étrangers, arrivés en moins grand nombre mais qui devaient être placés en isolement à leur arrivée, être nourris durant leur quarantaine et payés du même coup pour des heures non travaillées.

L’impact du manque de travailleurs s’est révélé minime, affirme Mme Charbonneau, qui n’a finalement embauché qu’une vingtaine de travailleurs locaux. Avec les mesures sanitaires, le risque était moindre de se limiter aux travailleurs arrivant du Mexique après leur quarantaine assurée. Fort heureusement, la main-d’œuvre étrangère a peu manqué, les travailleurs étant arrivés en avril.

L’autocueillette, une activité populaire en famille a dû être mise de côté en 2020.

 

Réorganisation complète

Or avec les mesures imposées, la facture a été salée. «Ça m’a coûté 300 000 $ pour l’hébergement des 170 travailleurs à l’hôtel (quarantaine oblige) et leurs 60 heures en confinement payées avant même qu’ils ne commencent à travailler. Il fallait aussi veiller à ce qu’ils aient tout ce dont ils avaient besoin puis les nourrir. Ensuite, il a fallu continuer les mesures après la quarantaine comme faire leurs commissions afin qu’ils ne contractent le virus», explique Mme Charbonneau, qui est propriétaire avec son mari Simon de l’entreprise familiale.

Et la réorganisation du travail ne s’arrêtait pas là. Par mesures de sécurité, l’entreprise a fait entrer toilettes chimiques, adapter le transport des travailleurs en autobus, en double nombre, le nombre de passagers y étant réduit de moitié. «Donc ça prolongeait les quarts de travail et nous imposait une grosse gestion…au cas ou il y aurait une éclosion et donc une quarantaine», poursuit Mme Charbonneau.

Il fallait travailler en groupe, aussi l’entreprise a divisé les travailleurs en cellules et équipes séparées maximales de 60 travailleurs. «Et ça été positif. On a trouvé que la production ça allait mieux. On s’est habitué et l’an prochain, on va encore travailler en équipes», assure la dirigeante de FraiseBec.

Stress permanent

«Ça été un stress énorme à vivre. Il fallait essayer de préserver notre culture régulière et que le virus n’entre pas sur la ferme. Quand on loge 160 personnes, c’est un gros stress car il fallait aussi les conscientiser à porter le masque et se laver les mains», ajoute Mme Charbonneau.

Puis la canicule a fait des siennes, entraînant une réduction de la production. Aux prises avec une chaleur intense, les travailleurs devaient se rafraichir régulièrement, ce qui forçait à gérer la distribution de l’eau.

Une réduction de production salutaire, compte-tenu de la vingtaine d’employés en moins. «Une chance qu’on a eu une baisse de production, car si on avait eu la quantité normale, on aurait dû abandonner les champs», stipule la productrice agricole.

Bref, 2020 se sera révélé une année de gestion (presque) entière. «On a travaillé sept jours sur sept et je ne suis allée à l’épicerie qu’une seule fois durant l’été. Il me fallait donner l’exemple», précise-t-elle.

«Et on a lu, on a lu pour être au courant de l’évolution de la situation, des mesures. Faut être fait fort. C’est vraiment pas facile. Ça fait 22 ans que je gère de la main-d’œuvre, mais d’année en année c’est plus exigeant en paperasse, la protection de l’environnement, l’utilisation de pesticides, l’arrosage. Avec tout cela, on se demande : on peut-tu travailler ?»

Oui, se réinventer est possible, même en agriculture. Mais au prix d’efforts acharnés, comme en témoigne la propriétaire de FraiseBec.

 

Reine Côté

rcote@groupejcl.ca

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