Les Québécois mieux conscientisés à l’achat local

Les acteurs du milieu agricole se réjouissent de l’investissement de 157 M$ annoncé en vue de favoriser l’autonomie alimentaire de la Belle Province, qui commence inévitablement par l’achat local.

Cette somme d’argent servira essentiellement à financer la robotisation et l’équipement de pointe permettant de maximiser la productivité des entreprises du secteur bioalimentaire.

Les principaux facteurs limitatifs de la croissance des secteurs agricoles et de la transformation alimentaire étant le manque de main-d’œuvre et leur productivité, une somme de 92,5 millions de dollars sur deux ans viendra soutenir la croissance de l’offre alimentaire et accroître leur productivité, indique-t-on dans le communiqué accompagnant l’annonce du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation.

C’est que le gouvernement compte mettre à profit l’intérêt grandissant des Québécois envers les produits bioalimentaires d’ici pour augmenter leur part de marché. Cette nouvelle approche va créer 3 800 emplois supplémentaires dans les régions. Le secteur bioalimentaire québécois sera un joueur clé de la relance économique en cours, assure-t-on au MAPAQ, où l’on a constaté une prise de conscience des Québécois à l’importance d’acheter local.

Pour conscientiser davantage

Dans un processus d’autonomie alimentaire, cet investissement entraînera-t-il une influence majeure sur les habitudes de consommation des ménages québécois ?

Interrogée à ce sujet, la directrice générale d’Aliments du Québec, Marie Beaudry, est d’avis que ce soutien financier constitue un autre pas dans la bonne direction. Déjà, la somme de 2,5 M $ qu’Aliments du Québec a reçu du MAPAQ à l’automne a permis d’amorcer la campagne publicitaire incitative à l’achat des produits locaux, assure-t-elle.

Aliments du Québec disposera d’un financement supplémentaire de 15 millions de dollars (dans l’enveloppe du 157 M $) pour intensifier la visibilité de la marque « Aliments du Québec » et ses déclinaisons, notamment par l’ajout d’actions d’identification et de promotion en magasin ainsi que par la multiplication des initiatives de promotion en région.

Collaboration des supermarchés

Mme Beaudry observe déjà l’impact de la campagne incitative à l’achat local. Aliments du Québec a ainsi convenu d’une entente avec les chaînes d’épicerie du Québec. Jusqu’à présent, la plupart des supermarchés ont pris acte de cette volonté de mettre en valeur les aliments cultivés ou encore produits dans la province.

Les chaînes IGA, Tradition, Rachelle-Bery et Bonichoix ont accepté d’afficher du matériel en lieux de vente comportant le visuel publicitaire Aliments du Québec. Les supermarchés Métro affichent quant à eux les visuels de campagne avec prix et nouveaux logos jusqu’à la fin du mois de décembre.

«On travaille aussi sur un projet pilote avec 25 détaillants indépendants et 200 Beausoir qui ont reçu au début de décembre nos visuels et affiches pour parler de notre campagne. Et (nous avons) d’autres discussions avec d’autres partenaires pour des ententes à venir», indiquait à la fin novembre la directrice générale d’Aliments du Québec.

Impact des influenceurs

D’autres gestes ont ainsi été posés, créant un impact fort positif. «On a fait un grand lancement spécial et on a mis le paquet sur encourager les québécois d’acheter local», insiste Mme Beaudry.

L’idée étant de provoquer l’engouement des consommateurs pour acheter local, quelques personnalités bien connues sont devenues les ambassadeurs d’une idée un peu folle mais ingénieuse : dresser la plus longue liste d’aliments préparés au Québec.

Stefano Faita et Chuck Hugues ont accepté de publiciser le projet sur leur page Facebook pour inciter d’autres québécois à publiciser à leur tour un met ou plat concocté ici afin de monter la plus longue liste d’épicerie. Même le ministre André Lamontagne et le premier ministre François Legault y ont mis leur grain de sel. Tous les produits de la liste ont ensuite été remis aux banques alimentaires du Québec.

L’initiative a eu un réel impact, signale Mme Beaudry. Notre grand lancement (la plus longue liste d’épicerie) a généré quelque 1061 produits portant la marque Aliments du Québec.

En chiffres ? Pas moins de 518 663 impressions et partages sur les réseaux sociaux.

Reste que la concurrence des prix demeure, surtout hors de la saison des récoltes où le prix des produits du Québec grimpe. Or la pandémie aurait en quelque sorte joué un rôle de promoteur pour les produits d’ici. Mais pour la suite des choses, l’amélioration des méthodes de production chez les producteurs et entreprises en bioalimentaire pourrait faire la différence, estime-t-on chez Aliments du Québec.

Par Reine Côté

rcote@groupejcl.ca

Commentaires