Un automne pas comme les autres

L’année 2020 restera longtemps dans la mémoire des producteurs agricoles québécois. À la pandémie planétaire, s’est ajoutée une sécheresse dont plus d’un se serait allégrement passé.

Les récoltes en ont souffert et les producteurs commencent la saison automnale déjà épuisés.

Personne ne l’ignore, l’accueil de travailleurs étrangers s’est révélé difficile en cette période de pandémie et ses mesures sanitaires restrictives. Leur venue au Québec s’est étalée sur plusieurs semaines, certains débarquant au Québec même au courant du mois de juillet. Au final, 85 % des ouvriers latino-américains sont parvenus à franchir le sol québécois.

J’y vais, j’y vais pas !

Quant à la campagne de recrutement gouvernementale J’y vais sur le champ, elle n’a pas eu le succès escompté. Malgré l’invitation du gouvernement Legault et l’incitatif de 100 $ pour les travailleurs agricoles, la main-d’œuvre est restée insuffisante et fait encore cruellement défaut, notamment depuis le départ de nombreux étudiants qui ont quitté les champs pour le retour en classe, note-t-on à l’UPA Outaouais-Laurentides.

Le président de l’UPA Laurentides-Outaouais, Stéphane Alary, ne peut s’empêcher de constater l’effet dissuasif la subvention fédérale accordée aux étudiants. Évidemment, le travail aux champs, ce n’est pas pour tous. La chaleur estivale était parfois difficile à supporter. «L’aide aux étudiants ne nous a pas aidé. Les producteurs ont tout de même essayé certaines initiatives pour leur faciliter le travail, mais ce n’est pas évident le travail aux champs. On commence souvent à 7h00 pour terminer vers 20h00, le soir», précise M. Alary.

L’UPA a toutefois mis en place la Brigade CEA en soutien aux producteurs, assure M. Alary. L’objectif de cette brigade est d’accompagner l’employeur dans l’accueil et l’intégration de ses ouvriers ayant peu ou pas d’expérience agricole jusqu’à ce que le programme incitatif se termine à la fin octobre. Les membres de cette brigade répondent aux questions des travailleurs et informent les employeurs des mesures sanitaires à respecter ainsi de celles à prendre en cas d’infection chez l’un de leur employé.

Le gouvernement Legault a néanmoins décidé de poursuivre sa campagne de recrutement avec J’y vais sur le champ cet automne. S’ils s’inscrivent rapidement au Centre d’emploi agricole, les travailleurs locaux peuvent ainsi bénéficier de la prime hebdomadaire jusqu’au 31 octobre s’ils se montrent disponibles pour au moins 25 heures.

Un stress croissant

Mais programmes ou pas, les producteurs vivent eux aussi du stress face à la pandémie. «C’est certain que tout le monde est sur les nerfs», affirme le président de l’UPA Outaouais-Laurentides.

Le système de classification par couleur et qui viennent de placer les régions de l’Outaouais et de Laval en Orange n’est rien pour les rassurer. La rentrée scolaire est source d’inquiétude alors que les écoliers entrent en contact les uns avec les autres, multipliant du coup le possible risque de contamination.

Et si certains producteurs ne s’inquiètent pas outre mesure de la pandémie sous prétexte qu’ils habitent en campagne, ce n’est certes pas le cas de tous. Il y a les producteurs maraichers dont la proximité avec les consommateurs aux marchés publics ajoute un facteur de stress face à la COVID.

À l’image de l’été qui vient de se terminer, l’automne s’annonce plein de défis.

 

Par Reine Côté

rcote@groupejcl.ca

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