(Photo Simon Brault) Simon Brault, étudiant finissant au programme d’agroéconomie de l’Université McGill.

Cessons «d’encourager» les entreprises locales

Ah, ce mot «encourager»... Comme il sonne faux ! Et si nous changions de paradigme?

Est-ce que l’emploi du mot investir serait plus juste ? Parce que, au final, nous investissons dans nos entreprises régionales lorsque nous achetons chez eux.

Nous investissons dans la station-service du coin lorsque nous achetons notre essence, nous investissons dans l’entreprise agricole en achetant nos fruits et légumes au kiosque pendant la saison estivale, nous investissons chez les détaillants indépendants lorsque nous priorisons l’achat chez eux au lieu des grandes surfaces… Bref, nous investissons dans notre communauté pour garder l’ensemble des produits et services accessibles. En agissant de la sorte, nous assurons une certaine pérennité pour les années à venir. N’oublions pas que nous nous installons où nous pouvons nous développer au niveau personnel et professionnel. Nous cherchons de la diversité, un endroit où s’épanouir, où nous pouvons fonder une famille et pourvoir à ses besoins. Souvenons-nous que les peuples d’autrefois s’établissaient où la terre était fertile et où il faisait bon vivre.

D’un point de vue économique, c’est lorsqu’il y a des perspectives de croissance et développement que les gens s’installent. Toutefois, il faut garder en tête que le contraire est aussi vrai. Une réduction des achats locaux mènera à une diminution des produits et services régionaux et tranquillement à la désertification des municipalités.

Tout est lié

S’il y a moins de production agricole par une réduction de la demande locale régionale, il y aura forcément moins d’acteurs dans la chaîne de production. Les meuneries et les fournisseurs de toute sorte n’auront nul autre choix que de s’expatrier vers des contrées lointaines résultant en des frais de transport additionnels pour les producteurs. De plus, moins que nous produirons et consommerons des produits de chez nous, plus nous dépendrons des importations.

Mais que se passera-t-il lorsque les frontières ne laisseront plus passer les marchandises? Lorsque nous ne pourrons subvenir à nos besoins? Croyez-moi, les pays vont desservir leur population avant de venir en aide à ceux qui en ont besoin. Il est peut-être temps que nous nous sortions la tête du sable et que nous nous demandions ce que nous voulons en tant que société. Le statu quo? Jamais! Laissez-moi vous partager la citation de Charles Darwin qui m’anime depuis quelques années et dont je ne me lasserai jamais « Les espèces qui survivent ne sont pas les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux au changement ». Je crois qu’il est temps que nous entamions une métaphormose sociétale pour la survie de notre espèce.

Donc l’achat local ne devrait pas être considéré comme une marque d’encouragement, mais bien un devoir citoyen dans l’unique but de maintenir et de développer les produits et services qui nous sont chers et qui assure l’avenir de tout un chacun. Nous sommes tous dans le même bateau et nous avons intérêt à tous ramer ensemble vers le même objectif… le bien commun.

 

Simon Brault

Étudiant finissant au programme d’agroéconomie

Université McGill

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